25 juin 2009

Le cuistot de la semaine boucle la boucle

Par le Barde

Et Perdigue boucla la boucle dans un trou où régnait une atmosphère particulière. Les quarante ans n’y sont pas étrangers ; ils distillaient encore leurs douces effluves sur la communauté des castors. Il s’est bel et bien passé quelque chose ; un petit supplément d’âme s’est greffé sur chacun d’entre nous. C’est la magie des clubs, de cette alchimie improbable qui donne les plus beaux fruits. Nous, ce pronom personnel pluriel, est le plus doux des pronoms.
Donc Perdigue boucla la boucle. Et nous étions nombreux à la boucler avec lui. Pour ce chant du cygne, Titi avait exposé la boutique, et What Else (cf. l’abécédaire de la plaquette des quarante ans) vendait des polos à l’encan. Pour l’occasion, Dudu arborait un polo Ralf Lauren de la première génération ; Dudu, c’est un musée du vêtement à lui seul. Chaque mardi, il nous propose des vestiges dont la grandeur ne saute pas immédiatement aux yeux mais dont les vertus muséales sont patentes.
Perdigue, en gros cochon qu’il est, fidèle à une propension particulièrement accusée cette saison, proposa du porc. Pâté, boudin, rôti. Mais il eut le bon goût de le mâtiner de gaspacho, de melon et d’omelette. Par contre les chips avec le rôti, c’est une faute de goût. Peut-être voulait-il nous replonger en enfance ? On ne lui en tiendra pas rigueur. Prof paraissait insensible aux mets et faisait, refaisait ses comptes : on est plus que positif ! De quoi alimenter les rumeurs les plus folles sur un futur voyage. On a le droit de rêver : coupe du monde en Nouvelle-Zélande, Argentine ? Lafourche n’a qu’à bien se tenir. Après tout Désir de rêve, cela ne s’invente pas.
Grain de sel (Guitou : cf. Abécédaire et plus précisément Saturne de Brassens) voulut que l’on parle encore et encore des quarante ans. Après de multiples sollicitations, Loulou y alla de son discours : bref, précis, présidentiel, sublime. Et Guitou fut au bord des larmes. Vint alors le fromage et le lancer d’assiettes. Impeccable Perdigue. Une salade de fruits conclut l’affaire, arrosée de champagne. Le petit Perdigue fêtait son anniversaire à une semaine près.
Nous restâmes longtemps, chantonnant des airs connus et moins connus. Alain-Charles entonna des airs ibériques pendant que Guitou dansait. La Valadièse fut reprise, et gare aux archi, un gare aux archi qui mériterait d’être inscrit dans notre répertoire. Les trois grâces n’ont pas œuvré pour rien. Même Prof se joignit au chœur des vierges. Je vous l’ai dit une atmosphère particulière régnait sur le trou. Nous nous quittâmes tard dans la nuit, nous donnant rendez-vous au trinquet de Bruges mardi prochain. Alain-Charles pourra y convier son capitaine des Blacks.
Avant la reprise, la pétanque de la fée sera de mise. On ne perd pas nos bonnes habitudes. Préparez vos boules mais dans l’intervalle astiquer vos palas. La vie continue comme on l’aime.

10 juin 2009

Le cuistot de la semaine, en couple

Par le Blogger

Y a pas à chier ! Se retrouver au Trou un mardi soir sans aller courir un peu avant, c'est quand même pas pareil. Comment l'expliquer ? A l'entrée du parking, rien que là, t'es un peu perdu. Déjà, tu ne prends pas le même chemin, tu pourrais presque ne pas trouver l'entrée, parce qu'évidement, tu n'arrives pas par la rue de Bègles... tac, le feu... tac, l'entrée des Capucins ! Passons, on finit quand même par se garer.
Déjà, un truc compliqué à gérer, c'est l'heure. On arrive quand même un peu plus tôt ! Un peu avant, qu'on soit au bureau ou ailleurs, on regarde l'heure. On s'interroge. Je vais pouvoir y aller ? Oh non, je vais arriver en avance, encore 5 minutes. Tu vois en fait le temps passer, un peu comme si tu attendais que les cours se terminent du temps où t'étais étudiant. Oh puis, j'y vais, il est 20h45, je vais arriver à 21h, ça ira.
Sauf qu'une fois à l'entrée, tu n'as quand même pas la sensation habituelle, un truc qui cloche. Tu n'arrives pas comme si tu venais de te dépenser, de te défouler. T'as pas le petit pas endolori, t'as pas les cheveux mouillés, t'as pas le souffle clair... mais bon, il faut s'y faire, c'est comme ça, il y a des mardi où on court pas. On peut quand même se retrouver pour bouffer ensemble, il n'y a pas de quoi en faire un plat.
T'as beau essayer de t'y faire, il y a un signe qui ne trompe pas là encore... il y a une envie qui manque, un goût que tu ne retrouves pas... celui de la première gorgée de bière !!! Mais oui ! Tu n'as pratiquement pas soif ! C'est vrai. Elle est presque ridicule cette première gorgée de bière, presque courte, c'est à peine si tu entames ton verre ! Tu es loin de la fameuse première gorgée où tu siffles presque la moitié du demi et que t'en redemandes déjà un autre. Non ! Là, c'est du bout des lèvres, une attaque timide, t'en laisserais presque dégouliner sur les bords des lèvres !
Il est 21h30. Bizarre ! Tout le monde est là, tout le monde est à table, tout le monde prendrait presque qu'une pomme, et puis au lit !
Ceci dit, il y a du boulot ! Tu as toutes les bises à faire. D'habitude t'en fais déjà quelques unes dans les vestiaires. Mais là, il faut se taper tout le monde. Et c'est vrai qu'hier, il y avait du monde ! Alors la bière, elle peut attendre...
Tu mets un peu de temps pour t'en apercevoir, mais tu finis par comprendre, il y a tout l' A40 aux manettes de la cuisine. Tu frémis un petit coup, mais tu te rends compte que tu viens de confondre avec l'A330. Il y du monde quand même, le trou est bondé. Une cinquantaine, même plus. Qu'est se qui se passe ? C'est payé par la boîte ou quoi ? il y a des clients, des fournisseurs, des clients des fournisseurs et des fournisseurs de clients... un repas corporate.
Même pas 21h45, l'entrée est servie. Les deux papas s'agitent, Gwen et Jérôme ou Jérôme et Gwen, vous voyez ! Vas-y toi, non mais vas-y toi ! C'est chiant quand on bosse à deux, tu as toujours l'impression que c'est l'autre qui va s'occuper du truc et puis le truc ne se fait pas. Une fois d'accord, c'est Jérôme qui s'y colle. Gwen l'envoie au casse-pipe. Le gaspacho en verrines individuelles est posé sur la table pour une mise en bouche. Le demi n'en est même pas au quart.
Dans le milieu du bâtiment, on s'étonne. Le potage est froid !
Papa Gwen arrive aussitôt avec une gigantesque poilée de calamars, il a bien vu la tête des fournisseurs, ça change du saucisson / pâtée sur le chantier à 10 h du matin.
Qu'est ce qu'il faut faire ? Il faut mélanger ? C'est la sauce des calamars la tomate dans les verrines ou quoi ? Réunion de chantier et tout le monde comprend. Tu bois le truc rouge d'abord et tu attaques les rondelles après. Ce qui nous rappelle que le comble d'un architecte sont les règles.
Pause. Il est même pas 22 h. A ce rythme, on va rentrer à l'heure pour le tirage du Keno sur France 3. On se rappelle les devis, les appels d'offre, les cahiers des charges... ceux qui ne sont pas concernés regardent la déco au plafond. Le petit plus.
L'atelier Jorkiball entraîné par Toto arrive. Il y en a qui ne comprennent pas ce qu'on peut bien faire dans ce genre de sport. Il n'y a rien comprendre, c'est la Totologie. L'atelier de jogging autour du terrain de Musard même s'il est fermé, entraîné par Dudu arrive aussi. Toujours rien à comprendre, Dudu est un rebelle à toutes sortes de media. Tu peux te trouer à lui faire passer une info, il en fera qu'à sa tête, la Dudulogie. L'atelier Miguel arrive enfin, désolé, je n'ai pas d'explications...
Et tous se mettent à réclamer l'entrée et taper un esclandre parce qu'il n'en reste plus.
Gwen prend les choses en mains et sert la paella. Au vu de la paella, on comprend que ni Gwen, ni Jérôme ne s'attendait à autant de monde. Normal les gars, vous êtes deux !
Dans chaque assiette, quelques grains de riz, une lichette de poulet, une moule terrorisée dans sa coquille et une crevette. Quand on s'est regardé avec la crevette, ça m'a fait de la peine ! Tu es toute seule, où sont tes parents ? Elle m'a répondu : dans les assiettes à côté. La moule, n'en parlons pas, ni pute, ni soumise, il lui faut juste une cellule psychologique. On oublie vite le drame qui se déroule sous nos yeux et on s'envoie un verre de rouge sur la paella. Le temps de se changer l'idée et le spectacle reprend avec le périlleux lancer d'assiettes. Le programme : Jérôme en première partie, entracte, Gwen pour le final. Le Lac des cygnes à deux.
Ils ont bien fait ! Jérôme a chauffé la salle. Une pulvérisation des assiettes dans une étrange pression atmosphérique a eu lieu avec un cumulonimbus orageux nommé Miguel. Le roi des nuages s'est autorisé de petites incursions dans la stratosphère. La foudre frappe une assiette, Perdigue fait le dommage collatéral.
Le fromage arrive ensuite en parts de 250 grs. Les tartes se posent après la tempête. A peine la manzanna fut annoncée qu'elle fut bue au point de douter qu'elle ait vraiment existé.
Pour finir de manière instructive, notez que Musard est fermé jusqu'à la saison prochaine. Le week end qui vient, si vous sortez du coma, est donc celui des festivités des 40 ans et vous êtes tous attendus à la boom. On a de la chance les gars, tout ceux qui ont 40 ans aujourd'hui, ne s'éclatent pas forcément !!!

08 juin 2009

Les 40 ans

Les photographiés

Le photographe

Le cuistot de la semaine, ça Poussou ou ça casse

Par le Toulousain


Température extérieure proche des 30 degrés. Un soleil radieux inonde la plaine aquitaine. A Musard, les quelques derniers sportifs se présentent pour découvrir ce que nous appellerons plus tard « l'opération commando ». Mes deux genoux avaient récemment fait connaissance avec les anguleux parpaing que les services techniques de musard dissimulent sous des touffes d'herbe, mais courir sur le plateau du Larzac, je ne m'y attendais pas. Le terreau, le compost, la tourbe, la terre végétale, il faut leur dire. Il existe des solutions aujourd'hui pour ne plus sortir du pré avec une ampoule à chaque crampon. Une sorte de stage commando avant les grandes joutes. Pourquoi pas ?
Mais quand même, il est dur de chez dur le petit terrain de Musard. Titi toujours avec un léger différé – depuis Jurançon 2007, il s'échauffe – prend place au centre et nous montre qu'il est au top de sa forme. Accélérations, feintes de passe, crochets, renversements et ce toujours avec le « style ». Du gros Titi et pas du petit minet. En plus, son adorable coach viens de lui offrir une paire de crampons révolutionnaires. Ils courent plus vite et ils ne chauffent pas. Euh ? Et ils ne feraient pas douche, des fois, tes crampons ? Ah ! C'est le stage qui continu. Pas de vestiaire ouvert donc pas de douche... Alors là on passe à la phase « survie en milieu hostile ».
D'accord.
Deux théories deux pratiques.
Je ne me douche pas, je vais au trou comme je suis et je me laverais chez moi. Superbement illustré par Thomas en short, odeurs et crampons à table.
Ou bien :
Non il faut trouver une solution quand même, je pue trop, c'est pas possible.
Négociation avec les gens de la pelote. Négatif. Tu m'étonnes c'est des basques comme l'autre. La douche c'est du luxe. Ablutions dans les éviers extérieurs pour les courageux et pour les plus dégourdis, douche très confortable dans les vestiaires des tennis grand ouverts et inoccupés. À ce
regarder les palmes, qui sentent encore le caoutchouc brûlé, on se dit que c'était pas du velours cet entraînement. Mais ça y est on est propre et on va aller manger.
Qui c'est qui fait à bouffer ce soir ?
Je ne sais plus qui le premier a posé la question mais soudain je me souviens. Je le sais...
– J.C.
– Qui ?
– Miguel !
– Non ?
– Si.
Bon, il faut se faire une raison la mise à l'épreuve continue.
Bien joué Toto, toujours au top, t'as gardé la tenue sport. On passe au stage de résistance psychologique en zone de guérilla urbaine. J.C. est en cuisine. Normal, logique. Je ne sais pas qui a concocter le programme mais c'est complet. Il ne manque rien.
Au trou, l'ambiance est posée. Curieux ? Le calme qui annonce la tempête ? Le staff technique « 40 ans », en bout de table, mais néanmoins prés de la tireuse, débat sur la position des dernières virgules dans la plaquette. À l'opposé, prés de la cambuse, les anciens ont un air tout aussi sérieux mais à y regarder de près, beaucoup moins serein qu'il n'y paraît. Ben tiens !
Voilà deux heures qu'ils sont en première loge pour admirer le travail de préparation culinaire de notre J.C. et, J.C., il ne fait pas dans la dentelle. Les fioritures, Les grands apparats, les tralalas et autre grande pompe c'est pas sa tasse de thé. Il fait dans l'art brut Miguel, que du Ready Made. Tout sera fait ici et par ses petits doigts de fée.
Une assiette de boudin, malicieusement embusquée dans le frigo par notre charcutier ariégeois, nous permet de prendre la mesure de la situation lorsque nous nous installons autour du bar.
À la hache ! Il l'a coupé à la hache ! Il l'a pelé d'un coup et débité en tronçons à-la-hache.
Le melon et le jambon qui suivent ont visiblement subi la même préparation.
Heureusement les melons sont très bons, malheureusement ils n'ont pas tous survécu au traitement réservé par notre samouraï du hachoir et la quantité rescapée se montre un peu juste. C'est normal ? Il nous teste, il faut s'entraider, on est une équipe et il faut se soutenir. Miguel nous voyant refendre, en vu de partage, quelques quartiers, s'approche, une immense lame scintillante à la main et lâche en brandissant son sabre : Vous voulez que je vous les coupe ?
Non merci Monsieur (Vous avez vu ses yeux ?). Tant pis, y'en a qui n'auront pas de melon.
Et puis c'est l'attente, de la cuisine s'échappe une épaisse et âcre fumée.
Téméraire, je risque une intrusion pour prendre la photo du cuistot à l'œuvre et c'est une vision d'apocalypse qui s'offre à moi. Dans une immense poêle plus culottée que la pipe du capitaine haddock, Miguel s'évertue, muni d'une sorte de pelle, à décoller du fond de sa gamelle amoureuse un mélange plus que douteux. J'ose, intrépide, la question qui peut fâcher. C'est quoi
monsieur ?
Des œufs brouillés à l'espagnole.
Brouillés ! Doux œufs fait misme. Pulvérisés, déchiquetés, broyés c'est ça, broyés et pas brouillés. Quand enfin il se présente avec sa préparation à l'aspect inquiétant, nous pensons tous dire qu'on n'a plus faim mais, face à lui, aucun ne moufte et chacun se laisse servir. Splatch ! Tiens Voilà du rata ! Dudu du bout de sa fourchette pratique une autopsie en vu de définir l'origine du mélange et accessoirement le délai post-mortem. Quelques trognons de saucisses calcinés, des tomates en purée, des oignons déchiquetés, quelques éclats de patates et des épices, le tout amalgamé dans un conglomérat d'œufs en bouillie sur le dessus et en croûton cramoisi dessous. Faut prévenir Air France et les autorités Brésiliennes, il vient de nous retrouver les plateaux repas du vol AF 447. Lolo sur le point de plaisanter grassement sur la mixture, se ravise en constatant que Miguel le surveille toujours, son immense pelle à la main. Docile, il goûte sous
l'impressionnant regard et nous renseigne couardement : « Je vous rassure ça se mange ». On est bien avancé. Et comestible ça l'est ? Parce que, certes, on à des dents mais plus bas, nous sommes pourvu d'un système digestif complexe qui n'est pas forcement préparé à recevoir telle substance. Faut faire gaffe j'ai souvent entendu parler d'un problème d'œuf et de colon. J.C. tel Agrid, va et vient dans le réfectoire s'assurant que chacun engloutisse bien sa portion. Dudu et Garci profitant d'une diversion et de la proximité de la poubelle du bar, évacuent promptement le délicat assemblage. J'allais en faire autant quand soudain Miguel se tourne vers moi et me demande : C'est bon ?
Oh oui Monsieur, dis-je en découvrant que les tranchants de sa pelle ont été fraîchement affûtés.
T'en veux d'autre ?
Non Monsieur, je suis au régime, mais c'est très bon.
Ouf ! Il est appelé pour le fromage et se détourne.
Le fromage oui, mais avant les assiettes ! Sauve qui peut ! Pull ! Nom de Zeus !
La première lancée, tranche d'un trait deux verres, une bouteille de rouge et finie plantée dans la table. Il a aussi affûté les assiettes et ça vire à la panique générale. Il a du être lanceur de marteau en Allemagne de l'est dans une première vie. C'est Verdun...
Mais on y survit. On se rassemble, on réinstalle les tables et les chaises, on récupère et rassure les anciens tous planqués sous la table. Christian accepte de se défaire du vieux 4 dans les bras du quel il avait trouvé refuge. Hamilton et Cambot s'extirpent de sous le bar abrités par les fûts.
L'alerte est passée.
Le fromage, un basque tranché à la fendeuse pneumatique s'affiche dans la lignée de ce repas de combat. Et puis, je vois, de dos, assis à la petite table sous l'escalier, notre J.C. soudain calme et appliqué. On dirait qu'il fait sa compta. Mon sang se glace. Il est en train de choisir ceux qui
seront dévorés au dessert. Je m 'approche et rassuré, le découvre, tout délicat, affairé à trancher des tartes dorées et caramélisées (et qui ressemblent à des vraies tartes) avec un tout petit couteau à bout rond. Ça y est le stage est fini. Bravo J.C. comme tu nous l'avais annoncé tu as été à la hauteur. Sortis de là on peut tout affronter. Se fritter avec du Zélandais ou de l'irlandais sur la belle pelouse de Sainte Germaine et ensuite aller se faire un raout à la faïencerie ne sera que pur plaisir comparé à ton stage de préparation. Tu devrais envoyer un CV au RIMA d'Angoulême ils cherchent des instructeurs pour les futurs marsouins mais ne leur dit pas que tu parles anglais ils pourraient te mettre en cuisine.

07 juin 2009

Le cuistot de la semaine, lettre à Christian avec AR

Par le Blogger


« Mon cher Christian
Voici maintenant deux semaines que tu as pris la peine et le talent d'investir la cuisine du Trou pour mettre en pratique l'excellente cuisine du d'Artagnan que tu es.
Voici maintenant deux semaines que ton incomparable tour de mains pour des saveurs inédites a mis le Trou sens dessus-dessous.
Voici maintenant deux semaines qui mes doigts trépignent pour en dire un mot.
Même si le temps pouvait parfois le permettre ou du moins commencer, l'esprit était lourdement préoccupé.
Ne t'affole pas, toi qui t'alarmes dès qu'il s'agit d'un ami perturbé par ce qui semble être un souci, ce qui préoccupait mon esprit n'en était guère. Tu le sais comme moi, nous sommes à la veille d'une page qui clôt une quarantième année de l'aventure qui nous concerne. Pour une page tournée, beaucoup de pages étaient en élaboration et ceci était ma tâche.
Alors, pardon et mille fois pardon. Que tu me pardonnes pour cette attente, que tes amis qui ont fait de ce blog leur page d'accueil me pardonnent, que ta famille me pardonne et en particulier ta nièce. Bien que ceci soit impardonnable, ceci est explicable. Et, je le sais que la bonté de ton âme et la clairvoyance de ton esprit sauront m'accorder la charité que mon misérable cas mérite.
Bien à toi, »

Voilà pour les procédures d'usage, revenons maintenant deux semaines en arrière.
Je me souviens d'un mardi soir où la Fête de la morue nous avait rejetés sur un terrain inhabituel. On s'y était fait tant bien que mal. Un coup en largeur, un coup en longueur, on était pas à l'aise, dans les 22, puis entre les deux lignes des 40, puis entre les 50 et la ligne de l'en-but... On en a perdu notre latin et Guitou son flair de sélectionneur. Le score en témoigne si mes souvenirs sont bons. Une fois l'éponge jetée, il fallait se taper l'eau fraîche des vestiaires. Et peu nombreux sont ceux qui n'ont pas pesté. Il fallait une épaisse fourrure naturelle pour ne pas s'en plaindre. Ce qui explique que Garci ne se soit aperçu de rien. Ce qui explique aussi que beaucoup d'entre nous se soient retrouvés blottis contre notre dernier poilu. Il a bien fait d'en interdire les images.
Allons donc nous réchauffer dans notre terrier.
Si la tendresse n'est plus de ce monde, Christian s'active à sa réintégration. La preuve en est que Christian se met aux fourneaux deux fois en six mois ! On ne peut pas dire ça de tous, déjà une année, c'est difficile pour beaucoup !
Parce que Christian est tout simplement rugby et je n'ai pas besoin de vous expliquer ce que ça veut dire. Alors que Bordeaux est on ne peut plus foot, Christian est allé chercher du Pays Basque ce que rugby veut dire et il l'a généreusement mis dans notre assiette.
Vous dire qu'il y avait une salade au fromage de chèvre et au piment d'Espelette n'a rien à voir, du jambon grillé avec une authentique piperade, pas plus... que le fromage et le dessert avaient tout des montagnes basques... non plus ! C'est la manière et la façon qui sont essentielles, l'aisance du bonhomme dans la tâche qui surprend, quand la générosité est toute naturelle.
Parce qu'il est comme ça Christian, un pirate des temps modernes, sous son air Latin Lover, il a un tempérament qu'il ne faut pas sous-estimé. On pourrait croire que son célibat est une simple faute d'inattention envers le temps qui passe, que son air tête-en-l'air ne lui a pas laissé le temps de voir le temps passer, qu'il préfère avoir des rêves plutôt que les moyens de les réaliser... mais pas du tout ! C'est certes un rêveur, mais un rêveur qui ne se laisse pas endormir. Parce qu'en réalité, le Peter Pan qui se cache en lui a des airs de d'Artagnan. On n'est pas dans le pays imaginaire, on est juste dans le pays de « l'amitié, des ripailles, des gasconnades, des bretteurs et des ferrailleurs ». Christian n'est peut-être pas un fin bretteur, mais à n'en pas douter, un ferrailleur. N'en déplaise à certains branleurs, Christian est peut-être architecte, mais un architecte ferrailleur. Et il ne faut pas oublier qu'il y en a de moins en moins dans ce club : des architectes et des ferrailleurs.
Des architectes, on va pas chipoter, ça arrive !
Des ferrailleurs, là il y a de quoi chipoter, les 40 ans arrivent et on va en avoir besoin...
Bien ! Si avec tout ça je ne suis pas pardonné du retard mon petit Christian, je ne sais plus quoi faire, si ce n'est lâcher trois gonzesses à poil dans les rues de Paris pour te faire plaisir ! Mais, n'allons pas jusqu'au-là, une Européenne fait très bien l'affaire.