24 mai 2012

Le cuistot de la semaine, hommage à la crise

Par Guigui


Hier soir, Messieurs, c’était le Barde qui officiait. Que dis-je officiait, poétait, parlait, jouait, déclamait, buvait le petit-lait du mot !
Honte à vous, qui, jouisseurs invétérés de sa prose manquèrent au plus élémentaire des devoirs que de celui de le remercier de ces heures passées à nous régaler de sa prose. Vous ! Absents qui manquèrent à l’appel de la prose stomacale !
Ne savez-vous point ce qu’est un Barde en cuisine ! 
L’Assurancetourix de la gamelle ! 
Le Jacquouille du banquet ! 
Le Cruchot de la brigade de cuisine ! 
Bref, le pré était heureusement bien rempli, Guytou organisant comme d’accoutumée deux équipes de forces égales, s’assurant de la présence à ses côtés du plus grand nombre de gazelles. Le résultat fut à la hauteur de l’organisation… rapide…
L’entrée que nous avait concoctée le Barde est à la hauteur de son esprit taquin. Fi de l’actualité, des problèmes récurrents de l’Euro, une salade à la grecque comme soutien au peuple grec opprimé par la finance internationale (pas par son système, soyons justes !). Nous avons tout de suite reconnu la patte du Barde, à l’écoute, toujours à aider les opprimés ! 
La suite… La suite… La suite… Bêlements… Bêlements… Bêlements…
Inquiétude !… Etude de la possibilité de livraison de pizzas…
L’eau consentit enfin à bouillir et à cuire les spaghettis. La sauce bolognaise ayant été conçue par Coco et non Françoise, appelée par son devoir hors de nos contrées, nous avait permis de deviner que le Barde partait vers l’Italie, autre pays en proie aux attaques financières (décidément, cette abnégation est sans limites). Le spaghetti fut longuement attendu, nous laissant le temps de créer quelques joutes orales dont certains portent en eux le secret, laissant aux spectateurs assidus qu’est la peuplade Archiball le plaisir du bon mot. 
La pasta fit enfin son entrée, saluée comme il se doit par de lourds beuglements de satisfaction. Un silence étrange s’installa alors, sous les yeux attendris du Barde qui voyait enfin ses petits se rassasier, se goinfrer, se bâfrer de pates encore et encore ! Et quelle maestria ! il n’en resta que de pauvres collés aux verres de pauvres ères qui n’avaient fait de mal que de se trouver sur la trajectoire du spaghetti volant…
L’assiette vola simplement, avec la délicatesse d’un alexandrin pour se poser doucement dans les mains humides à force d’avoir léché ce qu’il restait dans le fond de la gamelle… Un camembert fait à point qui fit dire à Titi que c’était dommage qu’il n’y en ait pas plus souvent du comme ça… 
Puis vint la fraise, Française ou Espagnole… Aux vues des tentatives bardesques, je penche, toujours en soutien des opprimés, pour l’espagnole… Oh Barde ! Que tu es délicat de nous rappeler nos conditions d’infimes vermisseaux de cette façon, subtile… Tout comme les bombes de chantilly qui firent le bonheur d’Amélie qui vit en cet objet sur lequel il suffit de presser un défouloir à sa mesure ! 
Le bar ouvrit enfin ces portes qui se refermèrent bien plus tard laissant ce goût unique que fait la patte du Barde. Merci Eric….

23 mai 2012

Le cuistot de la semaine, test d’enduits et genèse de la peña baïona


Par Perdigue



« Les temps sont durs, c’est pas mariol, 
Viv’ment que r’vienne, le choléra.
Je pourrais changer de chignole et me payer le cinéma » beuglait Thiéfaine en 78 pour assurer la pérennité du métier de croque-mort et faire que sa fille s’installe pompes funèbres.
Ce n’est sûrement pas le Barde qui vous sortirait des psaumes de cet acabit-là !
Mais pourtant, en ce mardi 24 avril de l’an de grâce 2012, c’est sous un temps de merde, que l’on fait mumuse à Musard, à 6 contre 5 au plus fort de la tempête.
Il faut quand même citer les protagonistes : Guitou et Sexe pour l’arrière-garde, Max et le Prez pour les représentants légaux, Peyo et Jef pour Tournez Manèges, Jean-Phi et Mézigue pour la fraction révolutionnaire des pinardiers en chaleur, Zeilles et Amélie pour les plâtriers chaleureux et Hamilton en Guest star.
Bin ouais, 1h30 à courir comme des lapins sous la flotte. Même à toucher : une guerre de tranchées.
L’avantage, c’est qu’on n’est pas obligé d’attendre une place sous la douche salvatrice, mais fatalement, moins de body-body.
« La pluie fait des claquettes sur le trottoir… », mais elle rend aussi luisantes les pierres des échoppes de la rue de Bègles. 
Laissant la rue à sa triste beauté, nous poussons enfin la porte verte du trou.
Les vieux sont là, fidèles au poste. L’accolade réconforte et les conneries commencent à fuser tels des pets sur une toile cirée.
Bref, une bière…non, deux, et à la croque. Heureusement, on est gâté, c’est le plus gros bout-en-train de la côte Basque qui est aux fourneaux, le Buster Keaton des canchas, j’ai nommé Toto.
Acculé qu’il était par la morosité ambiante, il a voulu nous faire un repas noir. Attention, pas d’anthropophagie au trou, non un repas beltza. Mais nous avons vaincu le tourment dépressif et après avoir ingurgité deux kilos chacun, avec Gwen, de gnocchis qui se sont avérés être des calamars, et pour ne pas être emporté par le déluge, Toto a jeté l’encre. 
Vu qu’il n’était pas avec nous sous la douche, personnellement, j’étais venu pour le boudin de Toto. Hé ouais, je n’avais encore jamais mangé le boudin de Toto. Honte à moi d’avoir raté 4 ans de suite cette institution, cet incontournable met de qualité. Les Castors m’avaient vanté les pommes qui accompagnent à l’accoutumée ce plat d’égorgeur de cochon, mais Toto n’ayant pas trouvé de pommes noires, nous a calé avec une purée qui n’était pas noire non plus.
Du coup obligé de parler boulot avec le Prez.
Là, nous avons besoin de l’avis de chacun. Il faut aller voir au trou les essais d’enduits au plafond et de jointage de moellons qui tient toujours. Bon, nous, on serait plutôt sur le renouvellement de joints, mais ce n’est qu’un avis.
Pour le coup, aucun souci pour le lancé d’assiette, on avait largement de quoi recoller les morceaux, Zeilles ayant même réussi à fabriquer une assiette qui sert toujours.
En revanche, le gâteau noir avec le petit noir de Jacky, c’était du velours, de la ouate, du cachemire, une rondelle offerte… « Ha petite tâche noire, ja-mais je ne t’avais vu ».

La pluie faisait toujours des claquettes sur le trottoir, à minuit, et on entendit une voix rythmée par la goutte du petit Jésus, avec des accents d’Heldenberg. 
La nuit noire nous rappelle à la source même de la peña baïona, lorsque ces aventuriers des temps modernes sont venus faire des routes en béton le long du littoral, chantant pour se donner du courage sous le soleil accablant, alors que les vieux les regardaient goguenard en leur jetant des olives.

21 mai 2012

Les Vielles branches de Courbevoie, les sahoutous de Gujan et 3 tondus Archiball Bis repetita placent



Par Le Toulousain

Donc, à 16h00 au stade du Baganais à Lacanau, il y avait les vieilles branches de Courbevoie et les Sahoutous sur le pré, déjà, s’affrontant et, 3 Archis… Peyo, Flo et votre rapporteur arrivant de Toulouse. Vers 16h30, on espérait être quinze. A 16h45, l’arrivée du tandem Lapébie/Roumegou et de Dominique nous porte à 7, mais renforcés par 3 fringants amis de Peyo et Flo. Ainsi, entre les promesses du blog et la réalité du pré, il y avait un petit écart. Attention au syndrome du sénateur !
Ça sonne comme du déjà lu non? Exact, j’ai toujours du mal à lancer mes blogs alors, pour le coup, je me suis dit, le barde à vécu la même solitude contre le 15 de la Grappe, je n’ai qu’à paraphraser. Facile à faire mais pas facile à vivre. 
Donc, comme sa Grâce nous le rappelait il y a peu, attention, au syndrome du sénateur et encore plus à celui du ministre absent (Voir Éric besson), si je puis me permettre. J’entends bien les préoccupations familiales de chacun, les naissances, les anniversaires, la 3 ème prothèse de hanche de maman et j’ai une sincère pensée solidaire pour Piou-Piou qui a pété son camion et qui n’a pas pu venir comme il s’y était engagé. La douleur dut être double, connaissant son sens de l’honneur. J’ai aussi une pensée pour Gwen qui était mal assis à Musard et qui à encore mal au dos… 70 adhérents Archiball et, pas un ancien en supporter, pas 15 joueurs, pas un photographe et pas un membre du bureau qui traine par là. Des maillots sales, pas de ballon, pas de cadeau pour nos hôtes et deux supportrices. C’t’équipe de bras cassés. On dirait un meeting du Modem. 


Le Douanier arrivant simplement, un peu en retard, avec une petite Alpha Romeo blanc non métallisé, s’impose immédiatement en leader. Normal et rassembleur, il prend les affaires en mains.  Faisant fi du passage aux frontières et des accords de Schengen, il part recruter en terre étrangère. Notre problème c’est la grosse industrie ? Moi Président, je relancerais la grosse industrie de devant. Moi président je veux redonner de la valeur au 5 de devant, moi Président, je veux me préoccuper des braves qui ferraillent sans aucune gloire et qui nous permettent d’aller chercher, dans le tas, les munitions de notre combativité. Moi président. Déclara t’il. Et il le fit… Normal.
17 h 30 on est chaud et 15, à non ! 16. Perdigue vient d’arriver ventre à terre avec mère et fils. Le Douanier, mutin me confirme d’un clin d’œil, qu’on a le ministre des finances avec nous c’est déjà ça. 16 joueurs, dont 5 immigrés choisis soit 11. Moins 3 amis de, ça fait 8 qui font toujours  très étroit, et ça prouve que l’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres. Ce qui est sûr c’est que le déficit est sérieux et la croissance molle. Toujours normalement, le Douanier nous explique son programme. En face c’est du lourd et compact donc peu mobile. Nous on est plutôt du genre léger individuellement et en groupe. Il nous faut de l’initiative, de la technique et de la rigueur pour contourner ce problème. Moi président, je serais pour la recherche et l’apprentissage quitte à augmenter les déficits. Déclara t’il. Et il le fit… Séance tenante, intense séance de passes en guise d’entrainement pour tous. Normal, l’éducation avant tout. Gwen tu as déjà un cours de retard…  17 h 31 déjà sales et puants nous voilà face à nos premiers adversaires; les Vielles branches de Courbevoie, organisateurs de ce petit tournoi triangulaire ou nos dirigeants nous ont inscrits. Les grands de ce monde prennent des décisions dans des sommets de chefs d’état et c’est le petit peuple qui paie la facture. Ah  oui ! On ne vous a pas dit ? Il faudrait jouer deux matchs. Ben tiens à 7 et demi contre 30 en face ! T’en veux? Ne reculant pas devant ses obligations, Jérôme décide de négocier un peu d’assouplissement dans ces accords trop stricts, et entame  des négociations fermes faisant valoir les intérêts de ses troupes. Il faut croire que Jérôme a la chance des futurs présidents avec lui. Les deux autres équipes se sont déjà épuisées,s dans leur première joute et proposent une mi-temps contre chacune d’entre elle. Une décision normale et juste pour tous.  
Pour les vielles branches, la veille, la soirée fut visiblement très aquatique si l’on peut s’exprimer ainsi et, nombre d’entre eux n’ont pas recouvré toutes leurs facultés.  Profitant de leurs maladresses pour gratter quelques balles et envoyer quelques essais de relance nous faisons vite la différence. J’ai eu beaucoup de chance tout est parti du coté droit et j’ai pu admirer en détail chacun d’eux. Messieurs avec le Douanier c’est la relance, et ça va vite. Nous infligeons un 5 ou 6 à 1 à nos adversaires. J’ai vu du beau jeu et des cannes. Il faut dire que les potes à Florian n’ont pas  la même cantine et à 24 ans ça galope. Certes ce n’est pas très fair-play surtout qu’en face ils jouent très réglo et exactement dans l’esprit que nous affectionnons. Cependant, vu la crise, tous les moyens sont bons pour s’en sortir.
Seconde mi-temps-match contre les Sahoutous de Gujan-Mestras, un poil plus revêches,   les barbots comme on les nomme, et deux poils moins bourrés la veille. Il faudra l’arrivée de Yannick (Oui vous me lisez bien Yannick, l’Ostéopathe, le troisième latte d’anthologie) pour nous donner enfin du cœur. Toujours pas de Rolex donc, à la bourre, roulant dans une Mito blanc virginal (je te jure ! Yannick en Mito ! Je pouffe. M’est avis qu’il à garé le Dodge au large et qu’il est venu avec l’annexe pour faire simple et normal)  donc très à la bourre, mais en pleine bourre. Vous auriez dû voir son entrée sur le terrain. Les épaules larges en avant, les cheveux mi longs mouillés en arrière et la genouillère Terminator 2. Il est plus effrayant qu’un buffet basque échappé dans une cage d’escalier. Face à lui les cinquante mètres du terrain te semblent une coursive de pont, tu sens même la passerelle vibrer sous sa foulée chaloupée. Nous marquons deux essais mais ils en font autant. Ils ont toujours un gars lancé au ras et ils avancent. Nous on contourne l’obstacle mais toujours par la droite, tant et si bien qu’a la fin notre pauvre Pascal n’a plus assez de jambes pour semer ses poursuivants et moi je me fais un peu chier sans ballon. Faudrait avoir des pensées à gauche de temps en temps non ? Peyo fera bien quelques efforts mais il a suivi sa formation « passes » sans son casque et je crains que cela ne réduise un peu son champ de vision latérale quand il le porte pour jouer… Une cravate trop tôt portée réduira définitivement ses velléités. C’était involontaire je vous rassure mais somme toute assez radical. Peyo va bien et le casque aussi. Dominique, qui va leur faire le coup de la Roquette sur 50 mètres, nous permettra de l’emporter en laissant, au passage, deux ou trois cul-par-dessus-tête. Dominique, as-tu pensé à leur envoyer le power point du Photographe Argentin ou celui sur le bassin et ses dunes? Tu devrais ! Je crois qu’ils n’ont pas bien saisi toute la finesse de ton style. Au mieux ça leur soulagera le mal de crâne. 
Et voici qu’au final, c’est cet homme normal, certes douanier de formation et ayant fait l’ENA (Ecole Nationale des Archiballs), celui que personne n’attendait, qui à force de persévérance et de travail nous mène à la victoire de ce tournoi triangulaire d’ovalie. La presse les photographes et les hélicoptères avec caméra embarquée (réel et 100% vrai) sont là.  Éffacé et discret, Jérôme donne pouvoir au trésorier pour le discours, sacrifiant au passage une cravate de plus. Qui perd sa cravate ce coup ci ? Je n’ai pu voir… Peyo peut-être ? Il en a ramassée une sur le pré tout à l’heure me souffle Florian.
Juché sur une glacière, Perdigue prodigue un merveilleux discours, tout d’alexandrin vêtu et récolte un sublime fanion trop grand pour le rétroviseur de sa polo et un polo trop grand, aussi.
Il fait beau, les parisiens sont passés par Marseille avant d’arriver et n’ont pas tout bu la veille. En avant Pastaga. Soudain dans l’assemblée, un cri. Oh ! Un paresseux, là bas dans les arbres ! Effectivement on l’aperçoit ! Une silhouette aux bras et jambes démesurés se meut mollement entre les troncs. La foule est figée, stupéfaite. Un Paresseux à Lacanau !!!
Putain  c’est le grand Thom ! Il court, c’est pour ça qu’on a cru à un lémurien. Pas en retard pour deux sous le gars, détendu comme après une bonne sieste et fin prêt pour l’apéro. Vous allez voir à ce train, demain matin, on a 15 archis au petit déj.


Bien, là dessus, on range tout au stade et on part boire l’apéro à l’Ucpa juste à côté où sont logés nos hôtes. On ressort les glacières, on a encore soif. Re Pastaga.
Mon devoir de réserve me conduit à finir ce texte en utilisant abusivement le « ON » son altesse bardesque m’en excuse mais « on »  était vraiment pas beaucoup pour le repas coté Archiball. Du coup, je ne sais plus si je dois conjuguer au pluriel ou au singulier. Bref dirait Pépin, ou Canal, c’est bien dommage, parce que c’était pas banal le repas. Après un bout de chemin forestier carrossable, on nous a fait garer au fond d’une clairière, déjà fort éloignée de tout axe fréquenté. On nous a fait monter dans un camion militaire et à l’arrière d’un gros pick-up Chevrolet, puis menés encore plus profond dans la forêt pour arriver à une cabane de chasse directement sortie du film Délivrance. D’une baignoire en fonte à même le sol, plantée là, s’échappe une acre fumée issue de la combustion d’un mélange douteux. Contre les moustiques me prévient Pépette, le maitre des lieux. Vous verriez la taille de la Pépette. J’espère qu’il ne va pas se fâcher, qu’il ne joue pas du banjo et qu’il se rappelle qu’on ne doit pas faire aux truies ce que l’on ne voudrait pas qu’elles nous fassent. Les vielles branches ont montré leurs culs et nous ont présenté Gillou, son string strauss khan panthère et ses piercings. À ce moment là on m’aurait dit ; Il s’appelle Marc, je partais en courant, mais pas du trou. Il a même fini très pote avec Yannick qui lui a collé une patate brulante dans le cul. Il voit grand Yannick. Élargisseur de trou du cul aux pierres chaudes. C’est issu d’une technique marocaine. Bon ! Va trouver une pierre au milieu de la forêt landaise. Alors il fait avec ce qu’il a sous la main. Et qu’est ce qu’on fait avec un trou du cul large comme çà me direz vous ? Un bon troisième latte ? 
On s’est attablé sous la bâche, on a mangé du gibier découpé à la hache, bu du vin qui tâche et chanté comme des vaches. Je vous le donne en mille ! Les deux chansons fétiches des vielles branches ? La fille du bédouin et le Père Abraham. Çà vous la coupe !!!Vodka caramel en finale c’est pas banal mais c’est pas non plus de la Manzana. Y a de la pomme certes, mais y’a pas que ça !
C’était bien et c’est un peu con que nous ne soyons pas plus nombreux dans ces moments là pour ensuite en partager le souvenir. Déjà qu’il n’est pas facile de suivre ma prose si c’est pas du vécu c’est forcément moins drôle…


18 mai 2012

Le cuistot de la semaine à la bougie


Par Le Barde



Le vieux 4 s'est plié en quatre pour ses soixante ans. Cell sautait aux yeux quand nous pénétrâmes dans le trou.  Alain-Charles (vous ne trouvez pas qu'il y a du Marie-Chantal dans ce prénom aux relents de beaux quartiers ?) avait, en effet, méticuleusement aligné quatre asperges dans chaque assiette. Clin d'oeil évident à un passé tenace, un passé qui ne passe pas. Les secondes lignes sont des asperges, l'affaire est entendue.
Et le vieux 4, c'est une sacrée asperge.
On raconte qu'un jour, goûtant une asperge à Mandragon, il épouva la même sensation que Marcel trempant sa madeleine dans une tasse de thé, et qu'il est, depuis lors, devenu incollable sur La Recherche du temps perdu. On murmure même qu'Alain-Charles concocte un livre sur l'asperge dans l'oeuvre de Marcel Proust.
En plat de résistance, des patates bien sûr (et tous les castors attablés de pousser en coeur la rengaine : lundi des patates, mardi des patates, mercredi des patates aussi...). Alain-Charles, il aurait préféré une mélodie de Reynaldo Han mais Alain-Charles, il n'est pas contrariant.
Avec les patates, un patchwork de viandes. Il était très fier de son patchwork Alain-Charles. Il confessait l'avoir mitonné toute l'après-midi.
Le grand 4, il exagère toujours un peu. Mais c'est pour ça qu'on l'aime.
Le général me fit part de ses craintes pour le lancer d'assiettes. Il avait pris ce qu'il faut d'outils pour coudre de probables plaies. L'assemblée n'en menait pas large. Une peur diffuse se devinait sur chaque visage. Walid tremblait, Lolo se rongeait les angles et Perdigue se planquait sous le comptoir. Peine perdue. Le vieux 4 fit montre d'une adresse qu'on ne lui soupçonnait pas.
Les amateurs de fromage en furent pour leur compte. Exit le fromage.
Alain-Charles alla à l'essentiel : un gâteau d'anniversaire au chocolat, un gâteau à damner tous les saints. Le champagne coulait à flots. Et Pioupiou de chanter des chansons douces sous l'oeil attendri de la Jacouille.

Quelques fidèles s'attardèrent au comptoir. Le vieux 4 récitait sa vie. Donatien prenait des notes. Et Loulou buvait les paroles d'Alain-Charles qui revint de longues minutes sur la place de l'asperge dans l'oeuvre de Marcel. C'est pour n'avoir pas été au bout de l'asperge que Marcel a échoué. Car La Recherche toujours demeurera inaboutie  asséna-t-il en conclusion. Il prit alors ses cliques et ses claques et alla rendre un juste hommage à l'Eternel. En guise de cierge, une asperge bien sûr.

03 mai 2012

Les bâtisseurs plus forts que les ruines

Par Le Blogueur (citation de l'Académie française dénichée par Le Barde)

Le rendez-vous à Gradignan le jeudi du match contre Les Ruines (ça remonte à tellement loin que je ne me souviens plus quel jour c'était) a répondu à toutes nos attentes et a été à la hauteur de tous nos espoirs. On peut même ajouter qu'il a répondu à tous nos espoirs et a été à la hauteur de nos attentes. Au fond, il a été un match référence qui servira de référence. En même temps, ce match était attendu pour répondre à toutes les interrogations qu'on s'était posées et les questions qu'on s'était demandées.
Il faut dire aussi qu'on avait perdu le chemin de la victoire depuis belle levrette, à ne pas confondre avec la levrette qui est la femelle du lièvre.
Pour une grande équipe, surtout dans l'âge de chacun, la défaite ne pouvait pas durer. Il fallait montrer des choses et pas des promesses, il fallait faire comme les grandes équipes qui savent se retrouver et répondre présent aux grands rendez-vous, sauf celles qui se trompent d'adresse. Ceux qui ne connaissent pas l'adresse n'étaient pas là, ceux qui ne connaissent pas la maladresse étaient là : 27 selon les organisateurs, 20 selon la police.
Comme toutes les grandes équipes, on s'est parlé dans les vestiaires. C'est bien connu, quand les grandes équipes se parlent dans les vestiaires elles ont toutes les chances de gagner. Celles qui perdent, sont celles qui ne se parlent pas dans les vestiaires, qui se font la gueule ou qui n'ont rien à se dire.
Alors, nous, on s'est parlé. On s'est regardé dans le blanc des œufs et on s'est dit des choses. D'abord, on a fait comme les tomates, on s'est concentré. Ensuite, avec des mots simples, des mots que le dico n'en veut plus pour faire de la place à d'autres mots plus importants, on s'est dit nos quatre vérités, sans sentiments, parce qu'avec les sentiments, Popol ne se lève pas. Et c'est justement là qu'il s'est levé, Gwen, le capitaine (le capitaine de l'équipe pas le capitaine de soirée, tu rigoles !?). Gwen était le capitaine parce qu'il fallait un capitaine intellectuellement intelligent et on a décidé que c'était lui. Alors Gwen s'est levé comme un seul homme.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé que la dernière défaite était la goutte d'eau qui fait déborder le gaz.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé que l'amour du ballon ovale était l'origine de notre cercle et que l'ovale est un cercle presque rond mais quand même pas.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé qu'on était un groupe, qu'on avait le rugby dans le sang, qu'on était donc un groupe sanguin.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé qu'au rugby il y a qu'une seule possibilité : gagner, perdre, ou faire un match nul.
Il a ensuite pris le huit de devant à huis-clos, et toujours avec ses mots simples, il nous a dit : « Bière ? » Tous en chœur et la bouche en cœur, nous avons répondu oui, un cri qui vient du slip.

Sur le pré, les castors s'appelaient Pioupiou, Douanier, Yann Bilboa, Gwen, Zeille, Perdigue, Dominique, Miguel, Douanier, La piballe, Le Tarbais, Titi, Campese, Tom, Arnaud, Donatien, Peyo, Roumeg, Moi et... gâteau sur la cerise, Seb, le gars de l'école de rugby de Bègles qui a la gueule d'un avant et le cerveau d'un arrière. Sans oublier Pardon, si j'ai un blanc de mémoire et que j'ai oublié quelqu'un.
Dans les tribunes, Loulou faisait la lecture à Jacqouille d'un extrait du Livre des métaphores - Essai sur la mémoire de la langue français, de Marc Fumaroli, de l'Académie française :
Piou-piou : Ce nom tombé en désuétude d’un « homme du rang », du « contingent », d’un « bidasse », d’un « troufion », avait été mis en circulation par Antoine Verner dans Le Pioupiou, ou la Gloire et l’Amour, comédie en deux actes mêlée de couplets jouée en 1838 au Théâtre du Palais-Royal. Rimbaud lui-même fait écho à cette dénomination « pioupiesque » (qui rime avec soldatesque) dans son poème Le Cœur supplicié.
Le 20 juin 1907, les soldats du 17e régiment d’infanterie en garnison à Agde se mutinent et prennent le chemin de Béziers où ils fraternisent avec la population. Gaston Montéhus chante alors sa fameuse chanson Gloire au 17e, où les « pioupious » apparaissent au refrain : « Salut, salut à vous / Braves soldats du Dix-Septième/Salut braves pioupious/Chacun vous admire et vous aime/Salut, salut à vous/A votre geste magnifique/Vous auriez en tirant sur nous/Assassiné la République. »
Comme en amour, Gwen est rentré dans le match sans préliminaires. Comme en amour, Zeille est rentré dans le match avec préliminaires. Si en amour, les préliminaires de Zeille consistent à enlever le pantalon (cf. Têtu spécial Tournée des Archiball en Argentine), dans le match il a enlevé le cerveau (cf. le magnifique bouchon mis au 8 d'en face qui va le faire vieillir tranquillement dans une cave pour quelques années).
Devant, on était beaux comme des camions. Les clefs des poids lourds étaient dans les mains de La Piballe pour la première mi temps. La paire La Piballe / Le Tarbais fonctionnait aussi bien qu'un Gigot / Flageolet. Plus loin, face à son cochon de vis à vis, Jean-Pierre au centre était sacrifié comme la pucelle d'Orléans. Le castor d'or lui revient comme le bucher revient à Jeanne d'Arc. Il a frit, il a tout compris : le haut débit sur les ailes prolongeait ses passes jusqu'à l'essai. Toto, Arnaud et Don prenaient les "intervaux" et gambadaient comme des poulets élevés en liberté.
En deuxième mi-temps, Donatien passe à la mêlée. On réduit le poids du sauteur en touche de moitié et c'est Perdigue qui se fait gicler dans les airs. La troisième ligne est au beau fixe. Titi remplace Jean-Pierre et passe à la vitesse solex. A cinquante ans, si t'as pas un solex, tu as tout raté. Nous, on a rien raté du tout. Les arrières confectionnaient toujours les valises sans poignée et la vie est belle la balle à l'aile. Le chapitre est clôt avec 6 essais pour nous à 2 pas pour nous.

Quelques haies sans Brigitte et tout le monde se pressent sous la douche. On dit que le monde appartient à ceux qui se lavent tôt, mais que serait le monde sans bière. Tournée générale sous l'eau. La bière est servie sous la douche. On s'est dépêchait de la boire avant d'être saouls.