25 avril 2013

Le cuistot de la semaine, le bel canto du placo

Par le Barde


C'est le temps du lilas. Il sonne l'hallali de l'hiver. La lie des saisons ? Non, l'hiver fait le lit du printemps, c'est Lolo qui l'a dit. Et Lolo, il était là, sur le pré,  hélant son Loulou qui n'était pas là : "Putain Gros, t'es où ?" 

Le temps du lilas donne des ailes. Flo flambait en bout de ligne. Jean-Phi striait le pré de ses courses sauvages, Walid filait droit, tel un cèdre à deux pattes, sous l'œil admiratif de Lafourche et de JB. Croucrou, délesté des affres de son coude, était insaisissable. Tu vois Yannick, ton toucher callipyge est impuissant face à la chirurgie. Il suffit d'un coude pour recouvrer la vigueur de ses jambes. Bernard taquinait l'espace comme un chérubin taquine la toile dans une toile de Poussin. Jean-Pierre, le buste droit, fendait la ligne adverse, félin et superbe comme toujours. Musard n'était que grâces... Même s'il manquait la plus mélodieuse de toutes. Et pour cause.

L'archange du bel canto, le ténor du placo, ceint d'un tablier rouge, les mains sur les hanches, nous attendait. Des huîtres de Marennes jonchaient la table. Notre Hugo conchylicole (Walid) opinait du chef à leur onctuosité. Son assiette accumulait les coquilles et tenait de la pyramide. Il eut cette sentence définitive : "On peut se marier avec les huîtres." Amélie gobait, engouffrait une à une les pépites d'Oléron. Tcho, entre deux déglutitions, clamait ses soixante-neuf ans prochains sous l'œil impassible et royal de Gilbert. 

D'abord, il y eut de vastes tranches de jambonneau. Puis, dans une marmite profonde des haricots. La madeleine de Seb. C'est le Poulpe qui me l'a confié. N'empêche, il ne faut jamais faire la nique à ses origines. C'est un principe casanovien. Petit retour sur le haricot tarbais et ses origines.
Originaire du nouveau monde, le haricot traverse les Pyrénées et s'implante dans la plaine de Tarbes au début du XVIIIe siècle. Après avoir décliné dans les années 1950, la culture du haricot tarbais renaît en 1986. Le haricot tarbais est une production locale de haricots (Phaseolus vulgaris) du Sud-Ouest de la France. C'est un produit de terroir, dont l'aire de production s'étend principalement dans les Hautes-Pyrénées, mais aussi dans quelques communes du Gers, de la Haute-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques. Je propose que dans l’abécédaire de nos cinquante ans Seb ait pour surnom Phaseolus vulgaris.
Walid afficha une circonspection légitime lorsqu'Eric déposa de petits jambonneaux que surmontait un os étique. C'est une cuisse de poulet dit-il. "Que nenni rétorqua Éric, c'est la cuisse d'un petit cochon, ou cochonnet si tu préfères : le nec plus ultra du jambonneau." Walid dit : "C’est du jambonnet en somme." Puis, il goûta et pour la seconde fois opina du chef. Walid a le chef réactif. 

Alors Jacky péta un plomb. Pour une raison inconnue, Jacky péta un plomb. Certes, nous l’avions escagassé. Il fut  pourtant le premier à dégoupiller en arrosant copieusement Lolo et moi-même de quelques gouttes d’eau. De là à dresser son corps éternel sur un tabouret et exhiber ses richesses naturelles, nous n’en demandions pas tant. D’autant que nous ne réclamions que le derrière. Le bon docteur était affligé, dépité, sonné. Gilbert demeurait royal. Et Jacouille n’en menait pas large engonçé dans son foulard. Titi, lui, rayonnait. Il rayonne beaucoup Titi en ce moment. C’est le temps du lilas et pour Titi le temps du lilas, c’est Isa. 

Le lancer d’assiettes fut parfait. De toute façon, Eric, il est parfait. Seul Lolo qui s’échine et s’acharne à vouloir saisir l’obole par derrière la laissa choir. En dessert, un arc-en-ciel de macarons. Le macaron est un petit gâteau granuleux et moelleux à la forme arrondie, d'environ 3 à 5 cm de diamètre, spécialité de plusieurs villes et régions françaises, et dont la recette et l'aspect varie : Amiens, Boulay, Chartres, Cormery, Joyeuse, Le Dorat, Montmorillon, Nancy, Saint-Émilion, Sainte-Croix ou Sault. Il ne doit pas être confondu avec les confiseries à base de pâte d'amande appelées massepain ni avec le congolais, à base de poudre de noix de coco. Dérivé de la meringue, il est fabriqué à partir de poudre d'amande, de sucre glace, de sucre et de blancs d'œufs. La pâte ainsi préparée est déposée sur une plaque de four et cuite. Ceci lui donne sa forme particulière d'une pâte figée et dorée à la cuisson
Le macaron apparaît en Europe au Moyen Âge où il va se diversifier et trouver de nouvelles formes et saveurs. D’Italie, il passe en France à la Renaissance. C’est en effet Catherine de Médicis qui a fait découvrir au XVIe siècle les « maccherone » aux Français. Curieusement, cependant, il n'est pas mentionné dans le Traité des confitures et fardements publié par Nostradamus en 1552. Il apparait, la même année, pour la première fois en français, sous la plume de Rabelais, dans le Quart livre, sous la définition «petite pâtisserie ronde aux amandes», sans que l’on puisse déterminer avec précision à quelle recette il fait référence.
On trouve des écrits qui présentent la recette du macaron sous le nom de Louzieh d'une confiserie omeyyade qui fut offerte à un calife ottoman au XVe siècle en Syrie. La suite sur Wikipédia !

Nous eûmes un café malgré la grève de What Else. Quelques-uns trainèrent au comptoir autour d’une belote éponyme. Un parfum de Lilas irisait les Capucins. La nuit était belle, douce, prometteuse. La grâce d’Eric opérait.

17 avril 2013

Le cuistot de la semaine, Yann Lachouquette


Par Donatien



Devinette : Quelle est la différence entre une chouquette fourrée à la crème fouettée et un Nounours en chocolat guimauve ?
La réponse était sur le pré hier soir : les chouquettes n’ont pas de bras et les Nounours en ont peu. Même réponse pour les jambes. Ce double peu, alimenté par la vaillance prometteuse des oursons Philippe, Benoît et Patrice fit en effet la différence sur le terrain annexe de Musard. Terrain baigné par les effluves de lilas où l’on retrouvait le plaisir de jouer dans la lumière, de se laisser totalement absorber par le jeu. Au prix de certains agacements printaniers. Au point de ne pas remarquer la discrète substitution du jour et de la nuit. 

Encore écarté des terrains pour quelques temps Yann Lachouquette  nous attendait ses convives au trou avec des wagons de victuailles. Des endives, des raisins secs et une sauce certainement brevetée par le chef du jour lançait le repas aussi sûrement qu’une assiette envoyée par Dudu. Ou qu’une poignée d’endives propulsée par Amélie. On causait météo, on constatait que Tivoli n’était plus ce qu’il fut on faisait l’exégèse de la prose abondante de Régis, on commentait le passage du Barde dans la plus belle émission littéraire de la radio, tout ça sans se presser. Yann avait annoncé des chipos. Le temps qu’elles cuisent on avait le temps. Elles furent là illico. Ceux qui ne savent pas faire marcher le four peuvent s’adresser à Yann. Cuites à point, dorées à souhait : il a même sut faire marcher le grill ! Jacquouille, pour le bronzage tu peux t’adresser à Yann. On était déjà comblé quand arriva le rizottos-aux-asperges-de-mon-pays. Le Barde en fut ému. Une larme coula sur sa joue et rebondit sur son assiette déjà vide. Je le sais, j’étais assis en face. 

Lancer d’assiettes façon Verdun. Aucun blessé par miracle. Fromageolet abondant. Et dessert. Pas n’importe quel dessert. Dune Blanche du Cap Ferret pour les esthètes, petitourson guimauve pour lés régressifs. Avec, pour lier ces deux antipodes du goût, de la glace au chocolat et à la vanille. 

À la réflexion c’est peut-être ce liant frais et onctueux qui nous fit défaut sur le terrain.

16 avril 2013

Le cuistot de la semaine, Achille Tartiflâ


Par Le Barde



Combien étiez-vous à Musard mardi ? Combien à éffleurer de vos mains avides et offertes l'objet de nos archaïques convoitises ? Je l'ignore, et qu'importe, je vous imagine, vous devine, je chante l'Iliade de Musard, « l'art des travaux impeccables ».(Iliade, XIX, 215-254) Et je te vois Perdigue, oui, je te vois, toi mon Achille,  t'exclamant : « Avec mes bras, mes pieds et toute ma vigueur, je ne mollirai pas, même un peu, j'en réponds, mais je traverserai leurs rangs d'un bout à l'autre. » (Iliade, XX, 366-397). Je sais tes franchissements, ô toi mon Péléide, mon « inlassable coureur », toi qui, « comme un chien dans les monts suit le faon d'une biche. » (Iliade, XXII,174-207). Et je songe à JB, à Titi, à Walid, vous qui allez « pareils aux vents farouches de l'orage. » (Iliade, XIII, 765-800).

Ah ! Que n'étais-je parmi vous. Mais en bon barde, j'écoutais l'un des miens, Murat l'auvergnat. Au trou, le leptocéphale accomplissait son devoir. Ma Pibale, sais-tu que ton nom puise dans le poitevin ses origines ? Que tu nais de pibole qui veut dire chalumeau, pipeau ? Et qu'il faut déployer des trésors d'inspiration pour lier un pipeau à une civelle issue du radical du latin caecus qui signifie aveugle !

Comme je regrette de n'avoir pu me repaître de tes bienfaits. Ils furent si abondants dit-on. Toi le rescapé du pré, le claudiquant magnifique, tu es prodigue de toutes choses. Il y eut une salade. Il y eut de la tartiflette. Le nom tartiflette dérive du nom de la pomme de terre en patois savoyard, tartiflâ, terme qu'on trouve aussi en provençal tartifle. La tartiflette est un gratin de pommes de terre, de lardons, d'oignons sur lequel on fait fondre le fromage originaire de Haute-Savoie, le reblochon. Cette recette s'inspire d'un plat traditionnel appelé « la péla » : un gratin de pommes de terre, oignons et fromage fait dans une poêle à manche très long appelée péla (pelle) en arpitan.

Je vois Pépé tendant délicatement son museau  vers le plat capitonné de gratin et, redressant sa tête, se préparer avec envie à une imminente déglutition sous l'oeil circonspect mais envieux du Tcho et du bon docteur.
Le trou se gava. Le parfum de reblochon mêlé aux senteurs des vins de Jean-Phi donnait à chacun l'illusion d'appartenir à un monde dont le parfum est le paraphe. « Il y a une herméneutique du parfum que je t'engage à approfondir » m'a confié un jour Jean-Christophe. Et de citer Michel Foucault : « Appelons herméneutique l'ensemble des connaissances. Qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens. » Tout parfum, toute odeur est un signe, une trace dont le sens ne doit pas nous échapper, ils nous ramènent à des pans de nos vies dont, souvent, nous ne parvenons pas à nous extraire. O la réminiscence des éffluves qui nous attachent au monde. Je t'entends mon Pioupiou, et toi aussi mon Perdigue, me dire : « Mon barde, tu me les gonfles. » Ce qui, soit dit en passant, peut être pris comme un compliment.

Et la Pibale s'exerça au lancer d'écuelles. Je ne suis pas doué du don d'ubiquité, mais comment imaginer un instant qu'il eût pu faillir à sa tache. La Pibale est béni(e) des dieux, son adresse est une preuve d'art. Tout ce qu'il tient en main se transforme en action de grâce. Sa seule fragilité, c'est le talon ; on ne peut pas tout avoir. Il commit en dessert une salade de fruits accompagnée d'une sorte de kouglof. Pas de fromages. La tartiflette et son reblochon suffisaient. Sans doute y-eut-il du dépit, mais notre civelle n'en eut cure. Au diable les grincheux, les chantonneurs du bon fromage au lait qui est du pays de celui qui le fait. On soulignera, par parenthèses, l'excès identitaire de ce refrain familier.

What Else était-il là pour le café ? Avez-vous chanté sa 4RL à défaut de planter des choux ? Je l'ignore. Mais comment imaginer un mardi sans What Else, un mardi sans les vieux ?

Je laisse au vieil Homère le soin de conclure. « Les libations faites, chacun rentre chez soi. Ils se couchent enfin et reçoivent bientôt le présent du sommeil. » (Iliade, IX, 694-713)

13 avril 2013

Barcelona, mon amour…


Par Réglisse

Barcelone, ville d’Espagne, temple de l’olympisme moderne, port de découvreurs, berceau d’une architecture vénérant les grands créateurs, capitale du pays catalan dont la différence s’affirme par ses couleurs d’or et de sang, et une identité cimentée par cette fierté d’appartenir à la grande histoire, celle de ces hommes qui ne visent pas à rester libre mais à le devenir. Barcelone ville d’Espagne, cela ne choque personne, mais pour le Barcelonais qui se respecte, cette ville d’histoire et d’art, a son importance et se sublime dans cette appartenance qui m’amène dès à présent à le corriger par Barcelone ville Catalane.
Ses multiples langues qui se mélangent dans cette cité des siècles, et en particulier le Catalan émoustillent la nostalgie de l’hidalgo qui sommeille en chacun de nous, castors émérites et proposés à le devenir … Pour rester dans les histoires de bouches, toutes ses saveurs culinaires permettent aujourd’hui d’affirmer qu’il est parfois bon le sacrifice du cochon ou du poulpe dans ces régions qui savent pimenter la vie. 


C’est donc Barcelone, que les Castors intrépides décidèrent de conquérir ou plutôt de découvrir dans cette quête inébranlable de constructeurs et d’éternels joueurs. Cette expédition vers ces régions dont l’identité est si marquée de passion, de combats, nécessita une préparation digne des plus grands stratèges. Le grand conseil Archiball nomma Gwen pour mener à bien cette nouvelle expédition et lui prêta cette distinction de nouveau chef. Un mec pas comme les autres ce Gwen, un Che bien de chez nous, notre Che Gwenara. Un homme de tête, connaissant la qualité de tous ces anciens et jeunes volontaires, attribuant à chacun un rôle qu’aucun ne négligea. Il choisit 16 hommes parmi les 16 hommes qui s’étaient inscrits. Le stratège se construit dans ses choix et nous pouvons dire que pour sa sélection ce Che pas comme les autres fut grand. Pour ménager et mettre en confiance ses hommes Che Gwenara ne négligea pas le confort de ses vaillants guerriers, et prit le parti d’un moyen de transport digne du cheval de Troie qui par son leurre de taille permit de conquérir l’imprenable cité. « Nous sommes 12 sur le parking, Gwen pourquoi as-tu prévu un paquebot sur roue ? » parole qui se souleva de la cohorte prête à en démordre. « Nous ne sommes pas nombreux mais nous sommes grands ! » Gwen sur ces mots démontra le digne héritage de ses paires de taille… Nous rentrâmes dans le bus, fiers comme des bars à tapas, transcendés par des paroles qui tatoue dans l’âme ce rapport des hommes qui visent à rentrer dans l’histoire.
Barcelone nous voilà. 

Carnet de Bord du Che Gwenara :
J’ai prévu en ce jour 22 de ce mois guerrier de l’an 2013, une arrivée sur Barcelone en trois temps. J’ai nommé comme éclaireur Yannick. La première vague, se fera par les airs, une conquête sans la maitrise du ciel est impossible j’ai confié cette envolée des cieux à un homme de doigté et solide sur ses pathes, Yannick. Son sens tactile et tactique, permettra d’explorer les trous obscurs de mon plan d’attaque. La ville de Colomb ne peut s’introduire que par un pro du côlon… Mon choix semble le bon. Dans mes calculs il devra partir après nous pour arriver avant nous, et nous assurer d’une organisation d’une tête de pont que nous renforcerons avec le gros de nos forces. Ce sera la deuxième vague que je mènerai, je l’espère sous les bons hospices de Saint Castor, des conseils de Coco et la hauteur de Walid. Je confie la dernière vague à des compagnons d’armes dont le blason des « vins-culs » honore à jamais leurs sacrifices à la feuille de vigne. Mon fidèle Perdigue et son acolyte Jean-phi… peine me prend en pensant à Jean Phi si jeune dans nos vaillantes troupes et toujours pas de surnom de gloire espérons que cette traversée lui fera providence.
Nous ne pouvons plus reculer, l’heure du départ se fera à 9h00 à Villenave d’ornon au parking du Mac Do.
Che
P.S : J’ai confié à Titi mes armoiries et nos nouveaux blasons soyons prudents nous partirons à 10h30. 


Le bus n’est pas encore sorti de Villenave d’Ornon, que notre Jacquot prit les choses en mains et en bouche. C’est une tradition dans la famille Escassut. Gardiens du temple de la fellation gastronomique, véritable trinité transmise du père au fils et à notre appétit… amène !
Pour cette destination, nul doute que le maniement de la langue est obligatoire et le mélange des cultures prédispose à aiguiser nos estomacs de découvreurs. Le boudin, le grenier médocain, le foie gras, tout ça arrosé des liqueurs à réveiller dans nos âmes l’ivresse des grands joueurs de la gonfle. Nous en sommes restés aux vins de Bordeaux, du Graves au moins Graves mais pour sûr de Bordeaux… Tout est là le cochon, du canard, et le bon pain. 
Qui a pensé aux brebis ? S’exclama le père…
Nous retrouvons toute l’expérience du grand aventurier et vieux légionnaire…La bleusaille représentée par Jean François et Régis sortirent leur saucisson, le grand Thom regarda la scène d’un regard lointain et avisé connaissant le phénomène, mais point de brebis, alors camembert pour calmer le désir lacté du père Escassut. Sûrement pour ne pas être pris pour chèvre car dans la grande tradition des légionnaires le boudin et la chèvre ça se respecte…
Une bleusaille pas comme les autres, me diriez vous qui écoute et apprend vite qu’une expédition sans brebis ou sans chèvre devient pour notre traiteur une question vitale pour établir les liens fondamentaux des hommes loin de leur terre…

Note de frais Société Escassut et fils
J’en ai vu des jeunes cons, mais là…oublier le brebis, ça c’est des cons tout court, il va falloir que je pense à un budget pour le brebis voyons voir 20 euros Hors Taxe, 450 euros TTC pour la prochaine expédition. Un Escassut averti en vaut deux tu l’auras !!! Je crois que cette histoire de fromage va me coûter cher… Cela m’apprendra à m’occuper uniquement de ma saucisse…Ah ces cons de jeunes !!!
Père Escassut

Nous voilà à Langon, prochaine étape Toulouse… Toulouse mérite un arrêt, la nature est ainsi faite rien ne se perd tout se transforme, qu’ils sont beaux tous ces castors alignés, Che Gwenara eut la larme à l’œil tant d’abnégation et de cohésion de ces hommes unis face à la nature. Et c’est l’occasion des premières photos… Nous patientons et voilà le Toulousain. Le toulousain n’est pas un castor comme les autres premièrement il survit à ce vent du Sud qui forge le caractère des hommes d’esprit. Un vent qui ne nourrit pas mais qui forge les hommes. Le castor de Toulouse n’est pas une saucisse ou un haricot, il sait tout simplement que les paroles ne sont pas que du vent. Il a de l’esprit et rapidement son plaisir de parler du pays et de ses fruits nous fit oublier que la route est  longue parce qu’elle est remplit d’histoires. «  Un torrent de cailloux roule dans ton accent »  dans tous les cas nous roulons au complet vers Barcelone. Notre toulousain nous proposa le fronton. Pour les néophytes, le fronton est un vin puissant de ces pays qui accroche le palais comme l’accent de celui qui nous l’offre. Et sa qualité première est de faire chanter les hommes heureux et c’est Coco qui ne trouvant mots se lança dans la chansonnette. 

Vent : pique assiette invisible de la région de Toulouse. Elément naturel lié à la rencontre d’un anticyclone subsaharien et d’une dépression pré-ibérique qui te rappelle que si tu veux bouffer sur Toulouse va au resto. Phénomène scientifique qui explique que les en-avant toulousains ne sont pas volontaires mais crée une habitude de terrain qui normalement ramène le ballon en arrière, origine de la fameuse et complexe logique toulousaine.
Dictionnaire toulousain



Enfin les Remblas et notre hôtel Silken, le plan est parfait tout le monde est là sauf notre arrière garde, no problemo qui en espagnol veut dire que tout va bien un truc dans le genre, cela faisait parti du plan,  je le rappelle. Les chambres sont partagées et les rugbinomes sont faits. Les rugbinomes sont nommés par notre Che Gwenara, véritable G.O olympique. Nous sommes à Barcelone !!!
Chambre 1 : Coco et Jacquot - bon pied mon œil…
Chambre 2 : Le Titi vieillissant (1an de plus) et le Doc Pascal (pour soigner la bougie)
Chambre 3 : Yannick et le grand Thom - les forces tranquilles
Chambre 4 : Jean François et Régis - aquarium et delirium 
Chambre 5 : Gwen et Sébastien - tam tam brothers
Chambre 6 : Walid et Philippe B. -  tchat et bernatchat
Chambre 7 : Perdigue et Jean Phi -  vino et tinto
Chambre 8 : le toulousain et Benoit - deux mistrals gagnants.

Le temps de nous rafraichir et nous voilà, défilant sur les Remblas, avenue incontournable de Barcelone, nous dirigeant vers la statue de Christophe Colomb. La foule est présente, l’ambiance est agréable nous sommes à Barcelone. Le groupe fait corps, nous arborons les couleurs de notre club, et Coco dans la ville des architectes créateurs et fondateurs est le plus à même de nous guider dans la fameuse nuit catalane. Mais que font nos vignerons… La rencontre se rapproche.

Barcelone, ô Barcelone, me voilà parmi mes Castors
Nos adversaires sont dans tes murs, et toi tu dors
Ce soir mon amie, demain mon ennemie
Profitons de la nuit pour vénérer les prêtresses de l’ovalie
Coco-mentaires des Gaules.


En attendant Perdigue et Jean Phi... 
La patience chez les castors est un don. Les Castors savent prendre de la hauteur. Nous partirons donc du niveau 0 du bord de mer, direction le fameux port de Barcelone. Le fameux Torre d’Alta Mar qui en espagnol veut sûrement dire « pose ton cul et regarde » maxime que se gardera Benoit, grand flanqueur émérite, dont le verrouillage de cible laisse peu de chance à son adversaire. Mais bon quand c’est beau, pose ton cul et regarde ! La Torre d’Alta Mar est une ancienne gare téléphérique qui surplombe le port de Barcelone, devenue un restaurant. A 75 mètres de haut, et une vue imprenable à 360°, ce site est devenu un rendez-vous apprécié des amoureux et des célébrités. Nous citerons Norman Foster, Judie Foster, Francis Ford Coppola, Jean Paul Gaultier, Victoria Abril et notre Largo Walid (trésor des Archiball). Il a lui aussi sa tour à Barcelone pas celle de Gaudi, mais bon une tour signée de son W. Les hostilités débutèrent par des petits mets délicats, tous nos castors s’imprégnant de l’intimité et de la beauté de ce cadre exceptionnel. C’est à ce moment que nous retrouvâmes notre arrière garde. 

Perdigue : Enfin à bon port, t’as vu cet homme qui pointe son doigt vers le couchant.
Jean Phi : Cela doit être la statue de Christophe Colomb, un homme de Gênes sans espoir qui trouva son salut en baisant le trône de l’infante d’Espagne.
Perdigue : Il me plaît bien ce Colomb. Il me donne envie de chanter « je mets mon doigt devant … »…Un vrai visionnaire pour les Castors un doigt, un trône, du couchant … D’après toi il jouait au rugbi …
Jean Phi : T’es con… tu ne penses qu’à ça…
Perdigue : Au couchant ?...
Jean Phi : Tu me troues le cul… Tiens une place, je me gare …allons manger maintenant!!!
Monologue du pénis Bordeaux Barcelone en vito


Che Gwenara, regarda ses hommes autour de cette grande tablée. Ses hommes parlaient, rigolaient, heureux de partager ce moment. Encore innocents, ils ne pensaient pas à la rencontre. Notre meneur savait déjà qu’il allait nous perdre dans les saveurs nocturnes biens avancées de notre périple Barcelonesque. Il prit alors la parole pour nous rappeler à l’ordre de notre combat et la présence de nos adversaires : les redoutables King’s Pebrots (Asociacion de veteranos Rugby de Barcelona).
Le ton est donné il sera pimenté, deux poivrons qui piquent un rouge et un vert sera leur emblème. Le rendez-vous est fixé à la « Boqueria » pour un petit déj dans les épices du marché catalan (amateur de jus de fruits et senteurs d’orient). Tel Hannibal pas celui qui savait parler aux oreilles des éléphants, l’autre Hannibal celui qui a pris une assurance tout risque, Che Gwenara, confia « J’adore qu’un plan se déroule sans accroc ». 
Sébastien fut nommer pour garantir le bon déroulement de la nuit et de veiller à ne pas corrompre le sommeil de ces braves compagnons. Ces notes seront nécessaires pour assurer le rapport du matin…à la guerre comme à la guerre… elles sont encore dans une phase de décodage. Le tarbais communique en morse, sa technique de frappe est rodée. Mais peu savent encore la comprendre, elle se conjugue par des coups précis et rapides voir longs pour les consonnes… Nous sommes sur l’enregistrement…

Nous découvrons au petit matin, que la nuit et la pulsion orbitale qui nous attire vers la lune contribua à la naissance d’un nouveau chant guerrier. C’est l’histoire de deux hommes l’un stagiaire, l’autre pas, mais bon cela s’emboite et le ton est bon… Les faire-part sont lancés et imprimés pour la naissance de nos deux garçons… Ce sont des Castors !!!
Bernachachachachachatte et Sabibibibibite. 

Mon vœux a été exaucé, j’irai poser un cierge à la fontaine des sacrées. Jean Philippe mon cœur est gros et heureux de te savoir notre !
Che

Première sortie avec les Archis, ça commence bien, putain je crois que ça va être long… mais bon cela aurait pu être pire, j’aurai pu prendre le surnom d’un mollusque ou d’un céphalopode… putain avec ces gars pour se marrer la marée n’est pas loin. Assurons nos arrières, chantons…
Philippe Berna… chachachatte 

Le stade, le match Titi notre scribe en a déjà fait le tour. 


La réception a lieu dans un quartier de Barcelone, dans l’antre des King’s Pebrots. Les hommes sont là, les épouses aussi. L’accueil est chaleureux, la nourriture et les boissons nourrissent nos estomacs. Tout est bon, les tortillas, les boudins, les saucisses, les plats typiques et qui piquent. La remise des trophées et l’ambiance est catalane. Les King’s Pebrots savent recevoir. Les chants français, espagnols et catalans sont de mises et même un Paquito spontané mélange le féminin au masculin. Le rythme endiablé des festivités espagnoles anime cet après match. Perdigue retrouva son cœur d’espagnol et nomme toutes les femmes Carmen. Perdigue il faut le savoir n’a pas de barrière de la langue. Il chante aussi très bien en Espagnol, Nous n’avons pas trouvé de traduction de Sabite et Bernachatte dans le petit Roberto espagnol illustré, par conséquent cette chanson nous la garderons pour le trou à rat. Il nous manque ce petit quelque chose qui nous rappelle que si Gustave Courbet avait eu un tam tam l’origine du monde aurait été bien différent. Sébastien qui s’est vaillamment livré au combat de la nuit et du jour nécessita une récupération active coaché par Pascal. Sébastien est un homme de la fête et du rythme, avec lui le tempo est assuré. Sa coordination et son jeu du midi méritèrent  un temps de répits et la surveillance de notre saint doc. Les castors même dans l’adversité ne se retrouvent seuls. Il y a toujours un œil ou une langue qui trainent. 

Qu’il soit béni le Saint Castor de m’accorder le privilège sacré de soigner ces dignes guerriers de l’ovalie, de leur porter soutien et soulagement. Sébastien tu t’es livré  maintenant tu peux te reposer, je suis là pour te veiller… Tu ne me vois pas, je serai pour ce moment ton ange gardien, ton bienfaiteur … le temps de poser mon téléphone je prie tel le pénitent le sacre de ta récupération. Non je ne dors pas, je prie pour toi… La prière a du bon pour l’âme mais l’esprit que tu nous offres nécessite un traitement plus clément.
Traité de médecine coloniale Doc Pascal.


La réception s’achève, nous partons en métro pour se rapprocher du bon port. Bar à Tapas, soirée et surtout 00h01, notre titi est né. Heureux tous ces hommes réunis autour de lui, les sourires de la victoire et du temps qui passe permettent de remplir encore nos verres de houblons pressés et de raisins écrasés. Nous voilà dans les rues de Barcelone, la ville est à nous, les archis ont triomphé, profitons maintenant des richesses de la soirée.


Carnet de Bord du Che Gwenara :
Mes hommes sont maintenant repus, il est temps de rentrer, il fait bon de partir victorieux. Tant de nouveaux souvenirs et d’expériences qui en traversant les frontières se libèrent du temps. Les liens sont là, les jeunes, les moins jeunes, les encore moins jeunes, oui tous mes Castors sont là. N’ayons crainte de revenir à nos demeures, le devoir est accompli. Nous sommes partis 11 Archis et 5 stagiaires et la magie de Barcelone nous a transformés en 15 hommes et un poulpe. Je pense au grand Thom, vieille garde, toujours présente et combattant de mêlée renversée, à cette jeune recrue plein de promesse prête à faire couler beaucoup d’encre en même temps c’est devenu son animal totem el pulpo, 15 hommes et un poulpe. Tout le monde est là. Ma tache est accomplie, Saint Castor, merci de votre bienveillance.
Barcelone, King’s Pabrot, les castors nous vous avons conquis et vous nous avez conquis en retour. Adios amigos de rugbi.
Che

03 avril 2013

Le cuistot de la semaine, du grand et du n'importe nawak

Par Le Barde


On marmonne toujours à proportion de ses dépits. Donc, je marmonnais. Et plutôt que de marmonner en prose, je marmonnais en vers. Il faut donner de la grandeur à ses dépits et savoir répondre par l'affirmative à l'injonction baudelairienne : « Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? ». 

Ainsi n'avais-je de cesse de répéter : « O combien de béchigues, combien de pauvres gonfles\Échurent-elles sur le pré de nos tristes ébats ? ». Car trop, c'est trop. Et peu, ce n'est pas assez. Je ne puis me contenter de peu. 

- Mais où veux-tu en venir mon barde me susurre Perdigue ?
- Au pré, mon Perdigue, à l'ennui qui m'étreint lorsque je suis sur le pré, et que mon équipe est transpercée de toutes parts, que pas un ballon n'arrive à dame. Je m'ennuie mon Perdigue, je suis las, je rumine.
- Le trou te remettra d'aplomb. Ce soir, c'est Nanard qui s'y colle. Tout ne sera plus bientôt que « luxe, calme et volupté. »

Si tout ne fut que luxe et volupté, le calme n'y trouva pas son compte. Luxe avec ce foie gras parfait, suave, onctueux, que l'on pouvait disposer sur de petits croûtons grillés. On crut le foie rare. Nanard en répandait les bienfaits avec parcimonie ; la gloutonnerie n'était pas de mise. Pas un gosier pourtant qui ne fut rassasié, mais lentement, délicatement. Volupté avec ce rôti de porc tendre à souhait, subtil. Avec ces pommes de terre sautées préservant ce qu'il faut de douceur pour s'exprimer en bouche. Car, soit dit en passant, la volupté est d'abord un « vif plaisir des sens, une jouissance pleinement goûtée ». Tout ne se ramène pas au cul. Et le plaisir sexuel n'est que l'une des définitions du mot volupté. Pour en revenir au rôti de porc de Nanard, et appuyer la définition première de la volupté, je ne résiste pas à citer l'un des plus ennuyeux écrivain  de la langue française, je veux parler de Romain Rolland : « On parlait de mangeaille, avec science et volupté. »

Aux assiettes, Nanard excelle. Il donne à l'exercice une touche de nonchalance, un petit air de rien qui est la marque des grands. Pas une assiette ne tomba. N'était celle de Lolo qui montrait son derrière et dont la main impuissante laissa choir l'obole. Nous eûmes droit au traditionnel camembert rôti de Nanard. C'est une tradition. Et au retour des petits croûtons grillés qu'il convenait de frotter avec une gousse d'ail avant que de les tremper dans le camembert fondant et chaud. O baisers voluptueux qui prolongeront l'extase fromagère. C'est alors que Jean-Pierre, inspiré par Lolo, prit un camembert, le déposa sur son assiette, saisit une louche qui s'abattit sur son onctueuse cible. Le trou, un bref instant, fut parsemé de lucioles lactées qui, après leur court envol, jetèrent leur dévolu sur Léo. (Et Jean-Pierre).  Léo  doublait la mise. Un gros empaffé, profitant de son absence momentanée, avait, en effet, recouvert son tabouret, de la chair camembertienne. Et Léo s'assit ! Son postérieur était à jamais maculé. « Quel est l'enculé qui m'a maculé de la sorte », rugit-il avant de prendre le parti d'en rire.  Léo, il a le sens de l'humour. 

La déraison s'emparait du trou. Bernard anticipait son anniversaire d'un jour. (Bernard fait toujours sa bouffe aux alentours de sa date de naissance). Des bouteilles de champagne étaient disposées sur la table. Amélie prit une bouteille et en dispersa l'écume sur l'assemblée. Chacun de se cacher derrière le corps de l'autre. En vain. Et Bernachatte d'en rajouter une couche. Le gâteau au chocolat et sa crème anglaise n'étaient plus, dès lors, qu'accessoires. Encore que la crème anglaise suscita des envies perverses. Mais elle ne déborda pas de son brick. 
Pas de What Else, pas de café. Par contre, nous eûmes la boutique. Dans des sacs poubelles de trente litres, paraphés du nom du récipiendaire,  les produits de la boutique se prélassaient à proportion du choix de chacun. Loué soit Titi. 

Il ne nous restait plus qu'à cheminer dans la nuit, une nuit étoilée et lisse.