30 janvier 2016

Le cuistot de Bouffe, le trou sort son rouge ...camarade Julien sa vodka!

Par Le Barde et Bardibulle
 

Le pré se garnit et retrouve peu à peu ses petits. La douceur de l'hiver attise l'envie de taquiner la béchigue. Même si les purs se moquent du temps. Nous étions une petite vingtaine, Serge était de retour, encore tout émoustillé par la performance de son fiston. Les chiens ne font pas des chats, ni les castors des loutres. Pourquoi loutre ? A vrai dire, je n'en sais rien. Et peu importe.

La grappe de castors se répartit sur un espace conforme, plus vaste que les mardis précédents. Ne pas se bousculer au portillon est une nécessité pour prendre le large. L'équipe de Serge donna la leçon à son alter ego. Il y a des jours avec. Trop de ballons jonchèrent le sol mouillé. Et les petits côtés avaient souvent, hélas, l'aval des belligérants. La vie ne vaut qu'au grand large. Perdigue filait droit. Comme Stéphane. Rien que de très ordinaire. Titi tentait en vain de ramener la raison dans son camp en apportant sa rectitude d'oiseau. Benoît, arrivé sur le tard, tentait tant bien que mal de remettre les siens sur de bons rails. Léo allait ses courses incisives avant que de rentrer aux vestiaires plus tôt que prévu, en délicatesse avec son mollet. Et la Piballe dominait son petit monde par son geste sûr, sa placidité et ses dires opportuns.

Le temps passait. Peu de commentaires. L'ambiance était guillerette. Une belle soirée d'hiver.

Au trou, Julien s'était substitué à Don. Il nous la joua russe. J'en ignore la raison. Un tribut à Gwen ? Julien fit dans l'abondance. Nos stagiaires sont généreux. Il y avait un peu de monde ; la table ne lissa aucun couvert vide. Pépé et le Tcho nous couvaient de leur autorité douce. La Jacouille portait le béret comme de bien entendu. Et le Général retrouvait les siens. Sans képi.

Le béret reste malgré tout indispensable pour apprivoiser les rigueurs hivernales et océaniques de Pépé et son camarade Jacquouille. Sa finesse le limite face aux affronts sibériens. Le chef se couvrira exceptionnellement pour la soirée avec son fameux ouchanka . « Kolkhoze toujours, tu m’intéresses ! » répliquait notre général en bataille. L’homme est à couverts, fourchette et couteau dressés, la soviet autour du coup prêt à déguster l’assaut. C’est une stratégie qui vient de l’Est, la distance et le silence préviennent la plupart du temps une déferlante. La table offerte par camarade Julienovov n’est pas fait pour la diète. Elle est so good and soviet. Les Castors ont dans le communisme l’art de partager le bon des autres. Nous sommes disciplinés pour l’occasion. Tous assis, personne au bar. Comme quoi la vodka à table, cela a du bon. Le camarade Pibalov est un réactionnaire, un ennemi de la pensée unique, et il le vit bien. Son sang est voué à sa patrie et sa bouche à Sabite. La couleur est trompeuse, la transparence ne peut remplir et combler son palais. Ses culs secs feront Sabite et rien d’autre ! La révolution a besoin de tout homme en particulier ceux qui pensent autrement. Pour le reste, l’esprit se chauffera par un premier lancer franc et lever à l’occasion tout malentendu.

Le tsar de tablée cuisine par couches. Les castors de leur côté sont doués pour les sports de glisse. La queue plate est faite pour leur maintien. Ils sont faits pour les fameux zakouskis nautiques. La diversité s’éloigne du commun. Plein de choses sur table et « Tout ça pour la bonne kolkhoze » répétait notre tcho. Camarade Tcho-kov en revanche n’est pas fait, lui pour le froid. Ses cheveux s’hérissent en dessous de -10° Celsius. La salade qui n’en est pas une, est une superposition de bonnes choses. Le centre est du hareng son manteau externe de la betterave, un soupçon de mayonnaise, des sous couches pour protéger la bête le tout arrosé d’un soupçon de vodka vous décalque le palais avec un effet kiss cooliakov ! L’entrée existe bel et bien pour la première de notre stagiaire. La Russie est grande, l’entrée à plus faim!

Et nous voilà, l’âme en Sibérie ! L’ambiance est heureuse, les hommes sont chauds. L’effet de la vodka inverse les qualificatifs… Point de profusions à ce sujet. Sergiakov compare la clarté de la vodka aux miracles de son eau de Lourdes. Il s’interroge sur la taille des verres. De si petits verres pour faire face à une nature si hostile et sans pouvoir brûler un cierge… Il devient penseur… L’homme resta contemplatif devant sa tasse. Se rappelant alors que la taille compte peu pour la réchauffe, et le plaisir se nourrit simplement en coup de va vient. Les hommes se lèvent, se dressent, libèrent le bras et balancent le petit verre vide en arrière, l’énergie n’est pas divine mais cinétique. Il soupira, soulagé et se retourna vers ses camarades.

Puis vint le temps de la suite. Camarade Jeffkanovitch s’illumina dans l’esprit d’Octobre Rouge. Nous ne parlons pas de la saison révolutionnaire. Camarade Pibalov s’en charge dans son coin… mais d’un film qui fait son sous-marin. L’espace est confiné, il y a des fuites d’eau, la fumée sort de la centrale de bouffe, les hommes sont debout, le silence est d’or pour écouter l’hymne à la gloire de l’étoile rouge. Et nous voilà pour un autre petit coup d’énergie cinétique ! Enfin du solide… le goulache fait suite, ses pommes de terre n’auront pas survécus aux partages. Les pommes de terre seront pour les premiers. Les derniers servis comprendront que lorsqu’on ne partage plus rien, cela fait rien pour ceux qui restent. Nous nous rapprochâmes alors de Pépé pour partager le pain. Nous retrouvâmes notre sacré ! Le pain pour éponger la sauce et sa viande supplée le manque de patate. Certaines équations ne peuvent se résoudre dans une mathématique pure. Le partage du pain nous rend copains ! Sans patates, les bonnes choses, sacrées ou pas ont la vie dure. L’énergie cinétique suscitée est un paramètre non négligeable aux plaisirs du ballon, du trou et d’un tour de bouffe réussis. Les patates ne se comptent pas en Russie, elles se distillent. Le plat en sauce flirte avec le divin communiste. L’excellence est de mise, le pain manquera pour éclaircir les assiettes. La prière à la russe ne joint pas les mains, elles les écartent en honorant le fameux coup de cinétique. Au final, le cuistot se confessa. La cuisine a une touche féminine qui est sienne ! Point de sacré sans féminin. Le trou est heureux et bien prêt à replonger en immersion pour toutes ses slaveurs partagées.

D'aucuns craignaient le lancer d'assiettes A tort. Il fut parfait. Julien est économe de ses gestes ; il ne fit que le strict nécessaire, avec efficace. Point de vaisselle sur le carreau mouillé. Maria se dispensera de récolter les fruits de nos enfantillages. Et c'est très bien ainsi.

Le fromage tenait du dur et du mou. Le mou pour un brie d'anthologie. Le dur pour un Brebis découpé en fines tranches. Amélie prit le parti du mou et le Tarbais du dur. Deux philosophies de la vie.

Pour dessert, nous fîmes de nouveau dans le slave : une sharkotka. Ou si vous préférez un cake aux pommes russe. Moi, je préfère sharlotka. La malheureuse trouva assez peu d'adeptes. La vodka davantage. Sans doute était-elle trop sèche (la sharlotka). Il suffisait de l'imbiber de vodka pour y remédier. Pour la seconde fois, nous bûmes à la russe sous l'air des chant de la patrie de Pouchkine. Puis nous lancâmes nos verres comme il se doigt. Bernartchate ne résista pas à la Nathalie de Bécaud ; c'est un tendre.

La conversation allait bon train. Amélie rappelait tout le bien qu'il pensait de son ancien protégé, le petit Serin. Dominique avoua qu'il rechignait à jouer contre les Nounours mardi prochain, las d'être confiné devant et de ne jamais toucher le ballon. Amélie lui rappela qu'un avant moderne est un avant disponible et qu'il lui appartient de se proposer. Dominique, converti, promit qu'il serait de pré le 2 février.

La petite bande s'éparpilla dans la nuit petit à petit. Une nuit d'hiver comme on les aime. Franck était déjà dans les bras de Morphée. Et JB rêvait d'un ciel sans nuages, constellé d'étoiles.Quant à Guitou, il comptait les moutons. On n'a pas besoin d'être petit pour être un prince.

23 janvier 2016

Le cuistot de Bouffe, un sanglier, une blanquette et une fée…

Par le Barde et Bardibulle
 
 
Il pleuvait par intermittence. Le temps était chafouin, un tantinet frisquet. Nous étions treize pourtant. Le nombre idéal pour se dégourdir les jambes et tenter un hypothétique surnombre si, d'aventure, l'on était dans le bon camp. Même si le pré se moque des mathématiques. Le nombre, parfois, ne fait rien à l'affaire. Quand on est bon, on est bon.

Walid et Croucrou se glissèrent sur leurs ailes. L'aile est le nid de nos deux oiseaux. Pas de pinson en ce mardi d'hiver. Seb se positionna au centre des siens, orphelin de Serge. Toto lui faisait face. Régis ruminait ses feintes de passe. Dudu ne daigna rejoindre les velléitaires qu'après ses sempiternels échauffements. Le toucher fut vif, altruiste. Pour le plus grand bonheur d'Hamilton qui ne cessait de dire au brésilien de la donner. Peine perdue. Stephane, il croit souvent qu'il va se faire la malle et se retrouve gros Jean comme devant, victime d'une main baladeuse. Moi, je n'en pouvais mais et je pestais contre le temps qui passe avec la complicité de Dudu. J'ignore s'il y eut un vainqueur. Et à vrai dire, je m'en tape le coquillard, je m'en vaseline le coccyx. Ou si vous préférez, je m'en branle.

Au trou, la Fée nous attendait. Sagement.
La mine satisfaite même s'il eût désiré une tablée plus fournie. La faute à l'hiver, au match de vendredi contre les ruines. Sur la table, sis dans leurs pots de verre, un pâté de sanglier fait maison attendait que nous nous mettions à table.

Pas de pot pour les absents. Mais quelle chance pour les castors présents. Dudu dans ces moments de ripailles tue l’omnivore qui est en lui pour satisfaire le carnassier en sommeil. La fée n’est pas ailier et confirme en cuisine un début d’année réservé aux gros. Chez nous, « le gros » est un joueur compris entre 1 et 8… Rien à voir avec le physique. Ce n’est pas de notre faute si nous sommes tombés dedans quand nous étions petits… Pour épater ses potes, le cuistot sort ses pots et son sanglier en pâté. Crou Crou est un gros aussi, il joue en ces heures à l’aile. Pourtant son fardeau n’a jamais dépassé le 8. Il taquine aux trois quarts le plaisir de voler dans les plumes des gazelles d’en face. A table, Il reste songeur. Piou Piou le soutient dans le labeur de la cène. Le temps n’a pas de frontières. Les rides se rapprochent des rites. Un « t » de plus pour certain, un tour de « d » pour les autres. Ainsi va le temps… Ce soir, un « t » ou pâté se répétait pour l’homme. Il est solide. Il s’imagine en pachyderme pour compenser. Le lien s’érige dans la mémoire. Ils sont plusieurs à se retrouver dans l’animal de taille. Point de poule sur le pré ! Les cornacs sont au rugby ce que les demi de mêlée sont aux éléphants et inversement. Le sanglier fait partie intégrante de ce qu’un cornac pourrait apprivoiser. Le groin dans le tas, la trompe dans le trou, sans chef d’orchestre aux commandes, ce serait pour tout dire comme donner de la confiture aux cochons. Nous pensâmes donc confiture en tous ces neufs qui le sont moins et pourtant le seront toujours. Il en faut pour que la masse fasse bon ménage. Nous commençâmes par JB en parfait cornac himalayen. La scène est sublime des sangliers en première ligne, des girafes en secondes, des éléphants en troisième et le mozart-cornac aux commandes guidant, domptant, la horde. Nous parlâmes de notre Grognard ou kiki pour les intimes, du bon Guillaume, du doigt qui pour un coup de pouce abandonna l’éléphant qui est en lui. Bien d’autres ont été et seront à cette manœuvre. Maintenant dans le trou nous distinguerons les carnassiers et les cornaciens. Crou Crou devient Barde et joue des mots. Son regard se tourne à le croire vers de nouveaux horizons moins domptés, le cul restant au sec, il imagine, se souvient et jubile. Le pâté de sanglier le ramène à la fameuse cuisse de jubilé. Dudu la jubile il la laisse aux jeunes. Pour l’instant, le sacrifice des sangliers se respecte. L’amateur savoure et jubile pour sa part dans ses tartines.



La fée a sa place du soir entre les anciens. Les vieux sortent même quand il pleut. A croire que le temps n’a pas d’effets sur eux. La rigueur est dans la constance. Piou Piou avec un genou en moins vient au trou dépassant tout chagrin. Ce n’est pas pour rien qu’il est pilier. C’était toujours mieux avant diraient certains ou pour les avants soupiraient d’autres… A en croire l’expression, même si je n’imagine pas Pépé jouer à l’aile. Le cuistot tient aussi la mêlée. Il talonne la balle comme il envoie les plats. Le gourmand ne joue pas avec les mains sur le terrain. Un jeu d’avant par excellence. La fée préserve ses tours de passe dans la cuisine. Une blanquette d’exception sera de sortie. Il ne fait pas beau d’être veau dans le trou tandis que le riz fera bonne compagnie. La fée a le coup de main, la blanquette est faite pour ceux qui ne font pas banquette. La louche est remplie et certains se risquerons à un coup double. Le reviens-y est de sortie.

Walid joue dans la conserve. Dans cette période d’hiver il stocke. Il la joue fourmi tandis que Dudu se la fait Cigale. Planquer vos stocks, l’hiver sera rude. La blanquette est excellente. Les amateurs ne pensent plus aux absents. L’hédonisme est dans le trou. Vice versa me susurre l’autre. La fée mérite sa chanson. La fée l’a fait et il le veau bien ! Le magicien avait confié son cor aux troupes absentes. La maxime se confirme, les absents ont toujours cor… Il faut bien que chacun trouve bonne compagnie.

Pour la soirée, l’attablée fut concentrée et les plaisirs dans l’intime sublimés. Toute bonne chose se profite et se jubile.

C'est peu dire que le lancer d'assiettes fut parfait. Notre plâtrier a la main sûre et précise. Son geste est relâché. Un camembert coulant à souhait se proposait à nos envies. Pépé était aux anges. Pioupiou, qui fut enfant de cœur blasphémait sous l'œil sévère de la Jacouille. Dimanche, il se repentira.

Alors la Fée me parla de Proust dont il avait lu quelques lignes. La description du paysage par-delà la fenêtre de la chambre de Combray l'avait profondément touchée. Il entendait poursuivre cette découverte. "J'ai perdu la foi, mais j'ai trouvé Marcel" me dit-il. Tcho le regardait ébahi. "Marcel a raison lorsqu'il dit qu'il y a quelque chose d'individuel dans les lieux" poursuivit-il. Pépé manqua de s'étouffer et la Jacouille fut un signe de croix. La Fée s'en moquait. Nous partagions Marcel.

Vint le temps de la galette. Une galette briochée. Point de Madeleine. Ce sera pour la prochaine bouffe de la Fée. Et pis, c'était comme un clin d'œil à Michel Tournier.

Une belote de comptoir se dressa. Walid l'emporta haut la main. Julien s'escrimait en vain et ne tenait pas ses annonces. Le jet adoucissait nos palais. Le trou de vida peu à peu. La pluie avait cessé. Il faisait froid. Pas d'étoiles. Fourbus mais heureux, nous arpentions le trottoir des Capus. La semaine prochaine, c'est Don qui s'y colle. Avis à Julien.

14 janvier 2016

Le cuistot de Bouffe, Alain libère son kourou et satellise le trou… Allumage Pot au Feu… Décollage !

Par Bardibulle



La pluie, le vent ont œuvré toute la journée pour sélectionner la troupe. L’hiver est là. Tout un chagrin pour mettre à mal la motivation et le sens de l’abnégation des castors. Le chemin du pré est plus rocailleux avec ces règles hivernales. Le temps est l’ennemi invisible de tout sens du collectif. Les plus vaillants se retranchèrent dans la chaleur des vestiaires. Le nombre sera-t-il suffisant pour éclairer le pré hivernal? Le doute subsiste et change parfois de camps… La lumière des vestiaires orientait les hommes dans la pénombre. Walid gardait les portes. Il est là ! Puis un devint deux, qui devint trois, nous n’atteignîmes point l’infini cependant nous fûmes trop en nombre pour se contenter d’une belote et bien suffisant pour chauffer le pré. Et l’éclairage fut sur le pré. L’angoisse du froid et du vide se déplaça un instant dans celle de l’absence. C’est bien beau d’être le nombre, si le porteur de balle est ailleurs. Dudu est sauveur. Il porte son cuir dans ses déplacements. La gonfle sera donc sienne. Titi se contentera d’une cravate, n’est pas boutique qui veut !

Dans cette période des soldes, la troupe s’enferma dans une première démarque. Pour Jean Phi, c’était la semaine dernière. Il avait anticipé et soldé son moral suite au retour d’une gazelle qui pour l’occasion n’a pas fait son printemps. Les hirondelles ne sortent plus en cette saison. Le coupable de cet outre-âge fut rapidement identifié. La vitesse a pour habitude de créer des espaces et éliminer les potentiels adversaires. Thomas l’empêcha de conclure. Le vendangeur fut blessé dans son orgueil. C’est un phénomène curieux et facilement observable quand l’homme se blesse dans l’échec, il se redresse moins vite que dans la victoire. Jean phi eut beaucoup de mal à se redresser. Thomas pour le renommer s’était déjà replacé dans sa ligne, prit le temps de se désaltérer et de commencer ses étirements d’athlète. Jean Phi hésita un moment pour quitter le terrain en rampant. L’homme courageux supporta l’affront. Il quitta le terrain debout, le moral dans ses chaussettes mais bien debout dans ses pompes. Tout ça pour dire que dans les vestiaires du soir, nous eûmes du Sabite Nouveau. Le troisième Mardi de Janvier, l’homme se retrouve avec de nouvelles couleurs, de nouvelles chaussettes et de nouvelles pompes. Le vendangeur a reposé sa confiance pour relever le défi du soir. Les anciennes pompes furent sacrifiées dans l’optique de lui faire la nique, pour ne pas citer de marque. Son regard de castor retrouva celui du tigre. L’homme est de nouveau bien dans ses pompes. Le combat sera équitable. Les deux chaussent pareils.

Le tarbais est en forme, Jeff cherche la sienne. Nous avons pour aider lancé un avis de recherche. Seb fait des appels, des croisés, des feintes pour remuer la ligne d’en face. La réussite est là. Jeff aussi il fait des appels uniquement en numéro vert. Les feintes il les garde pour le ballon et les croisés pour les mots. Nous eûmes du grand Jeff. Les courses de Croucou et de walid permirent de maintenir le moral et le jeu relevé d’un côté. En face Stéphane et Thomas franchirent à multiples reprises le rideau. Quand Thomas court Jean Phi pleure et Régis s’enrhume. Peter découvre les plaisirs de l’aile. Hamilton un sage dans le jeu de balle trouve son jeu en défense. Titi et Joss opposèrent un jeu de vitesse et de puissance l’un avec le ballon, l’autre sans et vice-versa. Dudu marqua son essai. Il ne lâche rien, le poulpe non plus ! Il embrassa Jeff pour l’occasion et lui remit une écharpe. Il couve à croire un mauvais rhume. Le poulpe court couvert son bonnet en pointe. Malgré tout l’équipe de Jeff permit à Jean Phi de renouer avec le sens de la victoire et de rester cette fois ci debout. Thomas humble, accepte et respecte l’adversaire même dans la défaite. Ses courses trouvèrent à multiples reprises la ligne d’essais mais n’atteindront pas celle de la victoire du soir. Jean Phi embrassa ses pompes qui reviendront la semaine prochaine.

La nouvelle horloge est fixée au trou. Pépé gardien des clés en est le dépositaire. La chaleur du trou est prématurée pour les courageux de la balle et du coup ils se retrouvent à la bourre. Pépé prêche la bonne heure et n’aime pas qu’on joug avec le temps. Du coup, les anciens sont à table tandis que d’autres maintiennent la pression. C’est Alain qui est de bouffe. En ce début d’année, c’est le pack qui est de bouffe. Hasard alphabétique ou subtilité d’une organisation d’un jeu d’ouverture… L’homme a voyagé et s’est rapproché du plus prés des étoiles. Il est d’expérience et a dépassé son Kourou avec la troupe. Ce soir, il se rapproche par coutume des sages pour nourrir l’assemblée. L’entrée se fera en deux temps. Celui des affamés et celui des retardataires. La morue et la pomme de terre sont de sorties. L’amiral n’est donc pas loin. Le cuistot le nomma à l’occasion à l’ordre du mérite. Le cuistot ne perd jamais son fil d’Ariane, c’est une déformation professionnelle voire une profession de foi. La morue est un poisson que l’Amiral a su apprivoiser. Il le marie à souhait et le propose à volonté. La recette est simple mais ce qui rend le binôme efficace se retrouve dans l’exécution de la tâche. Les ingrédients se superposent les oignons sont de sortie, les haleines en danger pour le plus grand bonheur de notre palais. Alain n’est plus un stagiaire, il propose une entrée en bouche. L’entrée annonce la suite. C’est le principe d’une entrée.

Les gros (qui jouent de 1 à 8) ont pour coutume de jouer dans la mijote, le pot au feu se trouve de nouveau à l’honneur. La semaine dernière le jarret de veau s’est confondu pour le narrateur avec un pot au feu. Bref, ce soir au menu ce sera du jarret de canard ! La nuance est subtile, mais le pot au feu bien réalisé à pour effets de faire tomber les bérets. Alain est donc aux commandes. L’amiral est à la morue ce que Jacquot est au pot au feu, indissociables ! Le bouillon fait jus, les légumes variés leurs effets. Les jarrets sont canards pour cette fois. Le pot fait son effet. Pépé qui avait perdu son béret la semaine dernière, le retrouva pour mieux le reperdre. Qui de mieux que les gros pour comprendre les vieux. Certains hommes parlent aux oreilles des chevaux, les gros savent parler aux palais des vieux. Les pots font les potes.

Alain maitrise le lancement. Il a ses bases. La farandole lactée est déjà sur table lorsque le castornaute se chauffe sur le tarmac. Les assiettes sont empilées prêtes à être satellisées. L’homme est seconde ligne, la force est avec lui. Jacquot la ressentant fixa PiouPiou et rappela « Stéphane, Stéphane, je suis ton père… » Il a la force avec lui aussi !

5….4….3….2….1….

Décollage. Les assiettes volent, se suivent et volent. Le bris est limité. Sans Kourou, l’homme satellisa les soucoupes à défaut de fusée sous la main.

Les fromages sont variés et appréciés. Pour pousser le tout la tarte aux pommes se nicha dans un coin de notre estomac. Peter en profita pour sortir du champagne et rappeler à l’ordre ses 35 ans.

Les hommes répondirent à l’appel de la caisse. Le pot au feu sans pot commun, c’est comme un Pépé sans horloge ou un Tcho sans permis… Les hommes se lancèrent au hasard d’une belote, les dès ayant accompli leurs décomptes, chacun récupéra son fil d’Ariane pour s’enfoncer de nouveau dans le labyrinthe de la nuit.

09 janvier 2016

Le cuistot de bouffe, Le pot au feu de Croucrou pour embraser la nouvelle année…

Par Le Barde et Réglisse



Ah ! Les premières passes de l'année sur le pré. Peu importe la pluie, le vent. Des peccadilles. Le rugby se moque du temps, du temps qui passe, du temps qui va, du temps qu'il fait. Il compose sa petite éternité à lui tout seul. Un monde en soi où il fait bon vivre. Peu importe si le cuir s'échappe de nos mains, si nos courses sont un tantinet lentes, désaccordées. Seul compte le plaisir de taquiner la gonfle. Et de recouvrer, peu à peu, l'art du geste.

Nous étions une douzaine. Walid était très, très affuté et nous gratifia de deux essais d'école. Il y avait du Conrad Smith dans sa manière de se défaire de son vis à vis, de l'embarquer et de le laisser coi et pantois. Toto était en cannes, as usual, et Dudu mystifia, avec superbe, la défense adverse. Le temps est une bagatelle. Regis rugissait, Serge râlait un peu mais ses crochets n'ont rien perdu de leur vivacité. Jeff pestait contre ses passes imparfaites et Jean-Phi courrait comme un beau diable. Titi s'amusait comme un pinson. Hamilton enfin caressait la béchigue. L'ordinaire du pré en somme. Un ordinaire auquel El Poulpo apporta sa contribution avec grâce et efficacité. Comme pour faire la nique au présent, le triste présent pascalien. Le rugby est un art de vivre et, partant, une philosophie. Une philosophie en action. Un concept qui se gargarise de la seule pensée et fait fi d'une possible traduction dans le réel n'est que ruines de l'âme.

Au trou, Croucrou était le premier de cordée. L'assemblée était garnie. Croucrou avait ceint son corps d'un tablier blanc. Il souriait sous le regard affectueux d'Amélie. Pépé était là bien sûr, accompagné de sa fratrie. Le Général nous retrouvait. Toujours aussi digne.

C’est le premier repas de l’année au trou. C’est un Croucrou Ricou d’ouverture ! Le cuistot du soir n’est pas le seul à faire parti de la fameuse bande des Ricous. Pour ce soir, deux seront sur le pré et un au fond du trou, seul avec sa marmite. Enfin après réflexion, ils étaient pour tout dire un et demi sur la pelouse. La préparation physique est là, le clan des Erics a signé pour 2016 une présence sur tous les fronts. Un sur le pré, un demi sur la touche et un autre de Bouffe. Le Barde pour sa part est la constance réincarnée, pas celle de d’Artagnan mais presque… il ne s’appelle pas Eric pour rien. Il pense et compense en alexandrin la blessure de l’un et la cuisine de l’autre. Les trois réunis ne sont jamais aussi redoutables que lorsqu’ils sont séparés. De vrais mousquetaires de la distribution en ballon, en alexandrins et en tours de bouffes. Les Erics sont ainsi, ils ont le sens du partage. Les mots, les bons mots, les chansons, que des plaisirs de bouche en somme. 

Jean Phi poussa pour l’occasion la chansonnette, il y a en ce début d’année beaucoup de nostalgie, l’hiver nous éloigne de nos étoiles. Ainsi va le temps… Son art dans la compresse du raisin, il l’excelle à ses heures dans la vendange de parole pour cette fois ci les bonifier en chansonnettes. Déformation professionnelle, tout ce qui est jeune et bon doit pouvoir vieillir. Le fameux « dit l’aime » du vendangeur. Comment ne pas mélanger le neuf et l’ancien… Bref quand nous parlons des Ricous, Jean Phi chante du Sardou…

« Si les ricous n’étaient pas là
Nous serions tous, sans enduits
A manger je ne sais quoi,
Et à lire je ne sais qui »

Lorsqu’il pleut, Pépé se fait attendre par les castors qui sont pressés de se mettre à table à l’heure. Tandis que certains hibernent, Pépé garde sa pendule à l’heure près du frigo. Au trou, il n’y a pas de frigo sans horloger ! Ce n’est que du bonheur quand le trou est rempli. Bref, il a fait faim ce mardi pour ne pas laisser le temps aux joueurs de se désaltérer après la mouille et l’effort. La table en revanche est bien remplie. Seuls trois retardataires resteront sur leurs pattes au bar.

L’entrée est une terrine de poisson et sa sauce mayonnaise. Un délice pour les épicuriens que nous sommes. La quantité est présente et répond à l’appétit de la troupe. Serge qui vient de Lourdes y trouva un semblant de miracle. La magie d’une entrée à table. Les stagiaires ont des habitudes qui se font à y croire sans préliminaire. Une apparition pour certains, une conversion pour d’autres. Stéphane jeune recrue ferma ses paupières et pria de son côté la bonne mer !

Les discussions vont bon train, le partage des vœux et des vieux mobilisent des réflexions d’antan. Walid résiste à chaque tournée pour dévoiler son secret de la fameuse feinte du muezzin. Son doigt favori la connait mais se prête lui aussi aux vœux du silence. Elle se pratique sur le pré, par n’importe quelle météo, et reste dévastatrice au bord de la ligne de touche. Pour ma part, je suppose que l’homme qui maitrise les traits d’union et d’humour, semant quelques coquelicots en image par ci par là, réalise un retraçage des lignes du terrain à l’insu du plein pré de son adversaire. Sans mordre la touche, je vous prie pour mieux nous faire mordre la poussière. Tout ça en faisant une roulette. Son compère dans mes souvenirs n’en fait pas. Pourquoi tourner sur soi quand on peut faire tourner l’autre sur lui-même. C’est une des différences entre un jeu d’avant et un jeu d’arrière, même si notre minaret a plus un physique de secondes lignes voire de troisièmes lignes bien à l’honneur ce Mardi au trou. Tout ça pour aboutir au plat principal. Comme quoi les entrées prennent de la place au trou.

L’homme de bouffe s’agitait en cuisine pour mieux satisfaire ses potes. Quoi de mieux pour combler ses potes que de leur servir un pot au feu. L’Eric de Bouffe a du roi en lui. C’est de l’étymologie à l’état pur ! Son choix est noble et son plat emblématique du sens du foyer et d’une réception accomplie. La chaleur tient dans le feu de l’ambiance et des plaisirs de ses plats qui ont une longue cuisson et nous rattache à une longue histoire. Le pot nous rapproche du foyer avec son béret, ses chabrots (pas ceux que l’on porte aux pieds mais que l’on porte en bouche, cf. le guide illustré du petit Sabite) et des parfums nostalgiques de l’antre de nos ainés. Pépé embrassa le cuistot. Le béret c’est son domaine. Le couvre-chef ne cache pas uniquement les fronts dégarnis par l’usure du temps ou des entrées râpeuses en mêlée mais témoigne surtout d’une appartenance inconditionnelle à son foyer. La confrérie de la coiffe des prostateurs n’a rien à voir avec tout ça… (Amis de la rééducation fonctionnelle et des épaules déboitées levez-vous !). Pour sa part, le pot au feu en question décoiffe ! Point de moutarde pour s’associer au plat. CrouCrou avait préparé une sauce majestueuse, mélange de vert et de blanc dont le secret restera familial. En tout cas, l’ensemble est explosif en bouche. Jacquot amateur de bonne chair, se permit de rajouter un peu de viande sur la sauce. En tout cas, béret bas pour notre hôte !

Le lancer d'assiettes inaugural fut audacieux. Croucrou a la main énergique et précise. Comme par miracle, il n'y eut que très peu de casse. Les rares assiettes qui rencontraient le sol ne se brisaient pas. Pépé pestait pour la forme.

Le fromage était exclusif. Un seul suffit à nos envies. Et c'était très bien ainsi. Le Sabite se mêlait avec réticence à ses effluves prononcées. Le Sabite est délicat. Comme le vieux quatre, en pleine forme.

Bien sûr nous eûmes des galettes. Épiphanie oblige à un jour près. L'Épiphanie est un mot d'origine grecque, Ἐπιφάνεια (Epipháneia) qui signifie «manifestation » ou « apparition » du verbe φαίνω (phaínō), « se manifester, apparaître, être évident ».Ça lui va bien à Croucrou d'honorer les mages, d'être d'épiphanie ; il est sinévident. Le hasard n'existe pas. Il avait eu, en outre, le bon goût de réchauffer les galettes. Elles étaient tièdes à souhait. Le vieux quatre compléta par un champagne bienvenu ce repas inaugural. Il faut dire que le vieux quatre est grand-père. Et ça lui va bien.

La belote de comptoir était fournie et disputée. Jeff tentait le diable. Lors que Serge ajustait ses annonces comme il ajuste ses dives passes. La belote s'éternisa. Comme pour mieux reculer l'étreinte de la nuit.

La pluie caressait le trottoir. Pas d'étoiles. Franck dormait sans doute et JB rêvait d'un ciel bleu et dégagé. Léo chanta la nuit enchanteresse des pêcheurs de perle. La pluie s'arrêta par respect. Puis reprit l'air de Bizet comme si de rien n'était. La réalité est un songe, un doux songe. Et c'est très bien ainsi.

04 janvier 2016


Bonne Année 2016 à tous les Castors !
Et comme on s'en fout des bonnes résolutions de début d'année, voici les tours de bouffe 2016...