26 février 2016

Le cuistot de Bouffe, le trou en vacances, Jeff au charbon !

Par Bardibule et Stephaninho


Quel entraînement mes amis ! À la fois ultra-physique, délicat techniquement malgré une bonne volonté général, parfois furtif. La bonne volonté s'est imposée dès les vestiaires ou l'arrivée d'une jeune recrue de 8 ans en la personne de "loulou" imposa une remise en question générale : "putain, et si le club décidait de se débarrasser des vieux ! " pouvait-on lire dans le regard inquiet voir vide de certains. Emmanuel « Macouille », le réforme du code du pas beaucoup de travail. Y avait-il un lien ? Du coup, certains comme Luc avait revêtit un ensemble veste pantalon de k-way pour affiner une musculature déjà travaillée par des milliers d'heures de salle de musculation. Cependant, le forfait périmé en bandoulière laissait imaginer que son intention première était d'aller au ski. Il s'arrêta à Bègles : maudite rocade !

D'autres, enfin plutôt un, avaient acheté un survêtement furtif. Vous me croirez ou pas, ça marche. Car, si on l'a vu rentré sur le terrain, personne ne le vit sortir...

Les échauffements furent sérieux, le moelleux du synthétique aidant. La répartition des équipes se fît différemment qu'à Victor Louis où les deux camps du premier terrain, c'est-à-dire en but 22 est à égal distance des vestiaires. À musard, il n'en est pas de même, car sortant des vestiaires, vous pouvez vous arrêter dans le premier camp si vous êtes feignant ou si vous êtes gaillard, traversez ce dernier pour rejoindre l'autre camp, celui des gaillards donc pour ceux qui ont du mal à suivre. Certains me feront remarquer que les trois, voire deux, voire un, tours d'échauffement remanient les cartes. Et bien non, car ce sont des tours complets qui partent et termine dans le camp des branleurs. Et si certains souhaitent batailler sur ma théorie, qu'ils me disent pourquoi Lapiballe est toujours du même côté... Ceci étant, des deux côtés la partie fut délicate techniquement. Il est de bon ton de dire au rugby que la passe est une offrande. Au risque de filer la métaphore mathématique, j'admets que cela est nécessaire mais pas suffisant, car si l'émetteur se doit de s'appliquer, le receveur également.

Mardi soir, si pas mal d'offrandes venait de la foire-fouille certes, il y eut un nombre incalculable de "n'habite plus à cette adresse". Tout le monde y passa : le recommandé sans la carte d'identité, la carte postale coincée dans la boîte aux lettres, la facture négligemment posée sous la pile de chaussettes. Personne ne voulait du ballon. Et alors que tout le monde s'était exténué à faire tomber ce putain de ballon, Titi arrivé royalement 25 minutes en retard nous demandait d'en faire une dernière. Vous le connaissez Titi, belle gueule, un physique du charisme, le smile. Alors tout le monde repartit pour Titi, enculé !

Alors que plus personne ne voulait la balle, jaillit El perdigon ! Formé dès l'âge de trois ans dans un cirque espagnol, El Perdigon est né d'un père unijambiste funambule, d'une mère aimante bien que croqueuse et plieuse de poêles. Il est également le frère d'une sœur dont le numéro phare était de sculpter au tour à potier un porte-bougie entre …ses seins. Ce dernier point pourrait d'ailleurs expliquer certains schémas mentaux du Perdigue... Bref, le petit Perdiguon apprit très tôt à manier la massue, le bilboquet, le yoyo, les portes bougies de sa sœur dont certains avaient le bout pointu bizarrement, alors attraper un ballon de rugby lancé comme un frelon ! Grandissant, il trouva sa patte en terminant ses numéros de jonglerie d'une ouverture des bras simultanée à un tapé du pied jambe droite en avant, le bassin légèrement ouvert, accompagné de l'onomatopée criée suivante : « hay ! ». Et bien hier, le dernier essai fut un essai "hay".

Perdigue en l’Auguste, nous orienta vers la douche. La douche est un sas de décompression. Elle dénude les hommes et pour ce soir les ébouillante. C’est un plus à Bègles ! Une ambiance hammamesque… Seul Titi se fait attendre. Il est ainsi, son corps il le bichonne. Perdigue a sacrifié la beauté du geste pour l’efficacité. Titi en opposition vénère la technique. Le style est puissant, percutant, imposant et se paie en étirements. Le Trez se joue sans étirements, c’est bien connu.

Pour le trou c’était une première pour Jeff. Un jeune lettré ! Il est de tradition dans cette période de vacances scolaires de profiter du trou en intimité. Les castors sont migrateurs et montagnards. C’est bien connu. Bref, nous profitâmes de certains aventuriers derrière le zanzi-bar. Nous la jouâmes pluri-génération. Il y a au moins 70 ans de différence entre toutes les paires en présence. Pépé en doyen, Jacquot et le Tcho en pères protecteurs et les castors en affamés. L’homme de bouffe sera-t-il à la hauteur ? L’homme est grand physiquement, il ne peut jouer en première ligne trop ingrate dans les courbures qu’elle impose. La seconde voire la troisième sera son siège. Pour ce soir, il jouera sa partition en talonneur entre nos deux piliers.


Nous arrivâmes au trou pour lâcher la pression. Les anciens sont dans le passage en direction de la table. C’est l’heure des chassés croisés propices aux sports d’hiver. L’allée était classée en noir par le castor futé. Les intrépides trouvèrent tout de même la source. Après le hammam, la bière est un plaisir. Notre religion nous l’impose. Dudu termina le pot de pâté, servi en tapas pour les beloteurs. Il adore tremper ses toasts dans son jaune comme il aime prendre la douche les pieds secs. L’homme est ainsi. Le pot vide, nous rejoignîmes les affamés de l’horloge et Pépé en gardien du temple de la bouffe. Les places sont toutes à table. Le chassé croisé est ainsi, lorsque les vacanciers sont sur la route nul ne skie. C’est pareil au trou. La table nous accueille en son sein.

Les couteaux grincent. Le cuistot envoya sa salade. Une salade contre nature. Elle sentait bon les vacances. Non celles du ski mais bien de l’été à venir et des îles à découvrir. Le bronzage de Piou Piou travaillé en Afrique brillait en harmonie. Un mélange d’avocat, de tomates, de salades nous fit oublier la pluie. Les castors aiment la mise aux verres. Jean Phi se leva à multiples reprises pour éponger la troupe. L’assaisonnement trouva bonne mère et Jacquot son vinaigre. Dudu est sur le coup. La resserve est sans réserve. Jeff comprit l’appel. Les coups de reviens-y ont mis la salade en péril. Les renforts se feront en pâté. Dudu en profita sans jaune, le rouge étant de sortie. L’entrée est colorée. Puis vint le temps de la suite, c’est une constante. Jeff est amateur de pâte. Il est en stage, les générations se suivent et les carbonaras rassurent. Un rappel wikipédien est de circonstances pour alimenter le trou, l’apport webien n’est jamais de trop. La recette traditionnelle fait l'objet de plusieurs variantes, mais les bases sont toujours les œufs (ou parfois seulement les jaunes d'œufs), les lardons (pancetta ou guanciale), le pecorino romano (fromage de brebis sec) et le poivre noir fraîchement moulu. Les variantes utilisant de la crème fraîche sont parfois dénommées carbonara ricca.

La région du Latium a toujours revendiqué la paternité de cette fameuse recette, mais l'origine réelle de ces « pâtes à la charbonnière » est en fait très discutée et plusieurs versions plus ou moins fantaisistes circulent. Selon la plus répandue, le nom de la recette proviendrait des Carbonari, membres d'une société secrète à vocation politique créée au début du xixe siècle. Mais le rapport avec la pasta est en fait assez flou. Selon une autre version, les inventeurs du plat seraient les charbonniers italiens (carbonari) qui passaient le plus clair de leur temps dans les forêts des Apennins à fabriquer du charbon de bois et auraient mis au point un plat de pâtes unique et roboratif avec les produits les plus facilement disponibles en montagne : des œufs, du lard et du fromage. Une troisième version est plus simple : les pâtes, largement saupoudrées de poivre noir, auraient dans l'assiette une certaine ressemblance avec le charbon (carbone).

Les carbonaras sont faites pour les codes du trou. Il faut bien que jeunesse et le rugby se fassent.

Le 1er lancer pour le jeune castor en formation est maintenant nécessaire. Il succède à Pépé et la pression est sur ses épaules. L’homme en retraite a montré à ses jeunes que la technique n’est rien, seule la qualité de lanceur se sublime dans l’expérience. Après 15 ans de lancer modéré, le sacrifice de 4 assiettes est ridicule si nous le resituons dans l’échelle du trou. « Tout est relatif » s’exclama l’ancien. « La relativité et le trou n’excuse pas la chute d’une assiette… point de trou noir et d’étoiles qui tiennent … ». Une faille jaillit dans la solidarité intemporelle de nos porteurs de bérets. L’assiette en Ariège est comme le cochon, elle est sacrée !

Jeff a la pression sur ses épaules. Il la joua prudent. Piou Piou donna le tempo. La cadence est douce, les lancers courts et sûrs pour le receveur. Point de chute pour le cuistot, son compteur reste vierge.

Pour la voie lactée, nous eûmes une farandole de fromage du coulant au moins coulant.
L’homme offre du bon. Puis vint une salade, point d’entrée qui se fait sans une bonne sortie. La salade cette fois-ci est de fruit, joli, joli… Saint Mammet sera son sein protecteur. Point de salade sans son sein ! Un cake chocolaté pour accompagner et les troupes se regroupent pour le café.


Le get compensera l’absence de patxaran. Les hommes se sentent chanceux et se lancent aux hasards des dés. Les cartes sont distribuées. Les hommes annoncent. Le Trez finit ses comptes. Le clown de jeu a un dé à deux faces celui d’un comptable et d’un joueur. Les duels opposent et rassemblent. Le Trez cumule et nous bluffe. Jacquot suit et essuie les tours des autres. Stéphane débute et prie son neuf. C’est une constante du trou, point de vin sans son neuf.

La porte nous dissimule de la nuit. Nous l’entrouvrîmes pour rejoindre une vie plus citadine. Les castors repus levèrent leur nez pour d’autres étoiles. Chacun vers sa constellation de destinée, les hommes s’enfoncèrent à pattes ou en vélo dans les chemins promis de leur nuit.

19 février 2016

Le cuistot de Bouffe : Christian passe son tour, Saint Jacques veille au trou

Par Le Barde et Bardibulle


L'hiver, le merveilleux hiver est là. Froid, sec, avec ses sublimes lumières.
 
Même la nuit en garde trace ; le ciel est d'un éclat si particulier. En sorte que la simple pratique d'un toucher se doit d'aller l'amble avec ces nuits-là. Et ce fut le cas. Même sans Guitou et JB. Enfin presque. De toute manière, ils étaient là. Serge aussi qui étrennait notre nouveau pré et c'était bon de le retrouver. Hamilton, dont c'était également le retour, versa une petite larme en étreignant notre terre d'origine. Gwen aussi était des nôtres, plus fringant que jamais. Nous étions quinze. Puis, trop vite quatorze. La Piballe nous quitta par la faute d'une cuisse récalcitrante. Walid était sur son aile, Toto filait ses courses insaisissables. Jeff plagiait Dominique par ses passes à une main. Titi dominait son sujet, c'est-à-dire lui-même.
Quelques ballons s'échappèrent de nos bras, quelques passes s'échouèrent sur le pré. Le froid peut-être. N'importe, le rythme était vif. Et les essais pleuvaient. Croucrou était particulièrement en verve.
 
Dans les vestiaires aux murs écaillés qui fleuraient bon le rugby d'antan, nous laissâmes nos corps s'abandonner aux vertus d'une eau chaude s'échappant timidement d'une douche au filet assez chiche. Puis, destination le trou.
 
Qui dira les bontés de notre substitut, Jacques en Ithurbide avait pris la relève. Ceint de son tablier, un peu comme un élève, Il affirmait, sublime, le beau nom d'Escassut. Non, je n'emploierai pas son patronyme usuel. Notre Jacques mérite plus qu'une pauvre rime en ouille. Sauf à considérer qu'il naquit d'une citrouille. Celle que de bonnes fées transforment en ritournelle. J'arrête là mes rimes. Mais avouez que Jacques les mérite. Toujours présent, toujours disponible, toujours dans l'altérité. Un ange ! L’altérité pour notre cuistot s’entend dans l’haltèrité. Même dans l’adversité de l’imprévu, Jacques assure et n’offre que du lourd. La troupe en revanche sera légère. Nous serons peu en opposition pour faire honneur au cuistot. La constance perd de sa rigueur en cette saison. Elle est en vacance, elle aussi… La saison sur le sujet est frileuse.
 
Quoi de mieux qu’une bonne soupe de bonne mer pour réchauffer les castors présents. Les lois de la nature sont ainsi, l’hibernation s’associe à l’était. Ne rentrons pas dans une phénoménologie appliquée du rythme castorien. L’allégorie du trou n’a rien à envier à celle de la caverne, l’alternative est une constante de planque comme une autre. Le trou est fait pour le bonheur des castors. Il est toujours vivant, il a ses cycles, ses absents et ses présents. Ainsi va la vie ! Le trou se prête à l’ovale. Le noyau est là. Jacques aux commandes. Pépé en tour de contrôle. Les deux compères seront piliers autour de CrouCrou. La place du cuistot était vacante. Jacques est un saint et son solide la constance. Point de faille dans sa cuirasse, une sacrée coquille notre saint Jacques. Le tour de Bouffe nécessite ses gardiens pour perpétuer le lien. Jacques dans la famille Escassut est le père, il garde la porte d’un temple culinaire (en un seul mot) et veille à notre trou. Il garde toujours un œil dans ce qui rentre et ce qui sort des cuisines. L’homme est ainsi et l’amour aussi.
 
Tout est bon dans le cochon. Même si pour la soirée l’animal sera négligé. Point de tricandilles, de greniers en cave, ou de quoi se confondre pour un légionnaire. Le boudin ne sera pas dans la soupe. Pour la bouffe, l’homme nous materne et compose de raison dans la Mer. « La mer c’est le seigneur que misère ou bonheur Tout destin montre et nomme Le vent c’est le Seigneur, l’Astre c’est le Seigneur Le navire, c’est l’homme » L’homme du soir cuisine et propose en parfaite improvisation ses contemplations soufflées à Victor Hugo. Il est ainsi certains subliment dans l’écriture, d’autres dans les plaisirs de bouches. A tout réfléchir, les deux vont si bien ensemble. La soupe est de la Mer. L’Amiral pour sa part naviguera sur d’autres flots. La mer n’a pas de propriété et nous prêtera toujours au voyage. Les croutons sont de même de sortie sur la table. Le fromage râpé les accompagne et la rouille se propose pour combler les rimes en l’honneur de notre hôte. Bref, les hommes à défaut de porc trouvent bon port.
 
Les discussions se prêtent aux voyages. Gwen est là. Bernard sans madras est revenu de ses îles. Les hommes ripaillent. Le Sabite coule à flot. Les coefficients de la marée sont élevés, la lune joue son rôle, plusieurs aller-retour ne pourront assécher la soupe. Mais bon, l’entrée reste une entrée. Les hommes trouvent dans la Mer qu’un refuge éphémère. Le sacrifice de l’animal est nécessaire. Le Saint Jacques ne le sait que trop. Le poisson est prière, le bœuf est dans la crèche. L’homme craint le trop. L’animal est noble et les rôtis sont en nombre. La cuisson est pour ainsi dire parfaite. Pépé est un confrère pour le cuistot. Il ne pût retenir son âme de prêcheur pour respecter en salutation et béret bas, la découpe et la couleur de l’animal. La tendresse le charnu, les nuances rouges vifs à la brique de son gris, le goût est explosif. Ce n’est qu’un rôti de bœuf pas de quoi en faire tout un magret. Et bien si ! Notre saint Jacques reste un dieu pour la cuisson. Les trémulations des castors témoignent d’une cuisson parfaite. L’animal à queue plate s’exprime dans le plaisir en va-et-vient. Les castors se tapent les fesses sur leur chaise. Pépé vénère de même l’ail. Les haricots verts de compagnie s’attachent aux réjouissances. La mise aux verts ne peut lutter aux plaisirs offerts par le sacrifice de l’animal.
 
Les hommes sont ainsi, ils fonctionnent au trou sans tabou pour arriver aux bouts de l’animal. Jeff se proposa à la découpe… Il se prépare pour la semaine prochaine. Il apprivoise les lieux. Tout est question de relève. La lune a su protéger la soupe cependant épuisée elle sera impuissante pour sauvegarder une tranche de rôti. Les hommes respectent le divin et l’animal. Ainsi va le trou !
 
 
 
Pour le lancer d'assiettes, après quinze ans d'abstinence, c'est Pépé qui s'y colla. Le résultat fut assez mitigé. Comment lui en tenir rigueur. D'autant que d'aucuns prenaient un malin plaisir à avoir la main malhabile. Le fromage était unique. Il n'y en avait qu'un. Un coulommiers de bonne facture. Quant au dessert : une tropézienne. Notre Jacques a toujours eu la nostalgie de la Madrague et des Harley.
 
Et puis, il rendait hommage à Guitou et à ses fins d'été qui n'en finissent pas de nous suspendre aux amours passagères. Du grand art.
 
La traditionnelle belote de comptoir se dressa. Jeff décidément n'arrive pas à l'emporter. Mais il progresse. Walid eut la main moins heureuse. Gwen n'eut pas de mains du tout. Jacques domina son petit monde. Une juste récompense. Une nuit d'hiver de toute beauté nous attendait, parsemée d'étoiles.

11 février 2016

Le cuistot de Bouffe,Lafourche en deux dents et trois mouvements...

Par le Barde et Bardibulle



Retour à Musard, retour aux sources. Joie de pousser le tourniquet, de longer le terrain gorgé d'histoire, de déposer son sac dans le premier vestiaire après avoir foulé son sol carrelé. De voir Dudu et la Pibale à la même place, comme s'il ne s'était rien passé au bout du compte, comme si, de toute éternité, notre place était là. Comme si la parenthèse heureuse de Victor Louis ne pouvait le disputer au roman de Musard.

La pluie et le vent étaient si anecdotiques. Nous laissâmes le terrain annexe où nous connûmes tant de touchers et de joutes pour rejoindre notre nouveau pré, côté Bergonier. Un pré synthétique, parfait pour nos vieilles cannes. Le moderne s'est invité dans la vieille enceinte, un moderne qui n'en fait pas des tonnes puisque le pré reste vert, cela va de soi. Les jeunes étaient peu nombreux. Nous étions une bonne douzaine. Et c'est Domi qui inscrivit le premier essai.

Par un étrange sortilège, nous jouions juste. Les passes, souvent, étaient de qualité. Il y eut de beaux essais. Comme l'ultime de Titi, il est vrai bien servi par moi-m'aime. Seb se régalait. Donatien et Jean-Phi allaient et venaient sans cesse comme des hirondelles. Walid tentait de déborder ; il y parvint parfois. Dudu rouspétait un peu et la Pibale se livrait à son arithmétique favorite. Perdigue était là, bien sûr. Pour rien au monde, il n'aurait manqué ce recommencement. Il fut d'ailleurs très prolixe en essais. Musard lui donnait des ailes. Mais Musard sans Mozart est un peu orphelin. Nul doute qu'Il reviendra tôt ou tard. Et Guitou itou.
 
 
 
 
 

Nous étions éreintés en rentrant aux vestiaires. Mais comme c'était bon. Sous la douche, Perdigue avait un bagout que nous ne lui connaissions plus. Oui, nous étions à demeure, chez nous. Une identité heureuse en somme, celle qui réunit des êtres divers autour d'une même passion. La communauté de la gonfle.

Au trou, La Fourche était de service. Nous étions assez nombreux pour remplir la table. Nos vieux étaient là. Et Guillaume aussi.

L’accueil est chaleureux. Le sourire du dentiste est au rendez-vous. Le cuistot s’est fait les dents au trou depuis belles lurettes. Le parfum de la mijote éveille nos sens en haut et notre curiosité en bas. Le colimaçon pour rejoindre les deux niveaux débouche sur un trou. La nature est d’une constante parfois désespérante mais si rassurante… La pression est bien présente et saura mettre en patience la mise à table. Pépé et le Tcho astiquent l’horloge. Jacquot supervise. Certains s’imaginaient une réception sans pression. L’ère du fût fut ! Attention, l’accent garde son sens et sa place. Nous posons la question comme Dudu a posé Domi sur sa ligne à multiples reprises. La cinquantaine ne peut rien contre le hors d’âge. Dudu est XO, il rayonne en ce moment… peut être une déformation professionnelle… sûrement la magie de musard comme suce cité par notre Barde. L’accent joue l’économe dans cette période de disette. La politique est ainsi et cherche ses bons mots à défaut d’autres choses. Nous, l’accent nous le trouvons au trou. Le trou ne pousse pas à la réforme. Le mot en lui m’aime, trou n’a pas d’accent. Et c’est bien ! Le plaisir simple ne peut se réduire à une réduction phonétique. C’est l’histoire qui donne l’accent aux choses. Titi aplatit son essai et se rapprocha de Deleuze dans ses observations animalières. Il se lance à l’occasion dans un nouvelle aux puces « La faune et tiques à l’épreuve des petits mots logis à Pliqué » avec Musard ça ne la fait pas… Le pré ne rentre pas dans le sujet. Et il a bien raison ! Le chapitre de la mêlée est dangereux. Le pré est sur le sujet synthétique ! Va expliquer aux gros que l’époque ne porte plus l’accent sur la mêlée ! Ce serait comme expliquer à notre tarlousain de venir sans sa saucisse ou demander à notre cuistot du soir de nous laisser sur nos dents.
 
Bref nous mangeâmes de la salade. Comme quoi il y en avait pour ne pas en faire toute une salade. Des tomates petites et ovales, le trou est fait pour l’ovale… nom de dieu ! Des petits dés éloignés de la proximité des dès du jambon de DéDé. Et du vert à profusion. Le cuistot connaît la mêlée et ses hommes ! L’herbe, c’est fait pour courir. La salade pour les histoires, les rillettes pour le sourire des morfals. Perdigue a foulé avec succès le gazon de Musard et se concentra pour la bouffe sur les rillettes. La l’oie du plus fort est toujours la meilleure. C’est une question d’équilibre. Le Tarbais tient la ligne tant sur le pré que sur table. Les tomates en ovale le prédisposent à des lancers vrillés. Les rillettes font leur effet, les hommes font risettes et tartinettes à volonté. Le Sabite se fera en château en verlan. Puis vint la suite. La constance du trou est ainsi. Enfin, la suite se fit attendre la chanson est de rigueur quand les hommes sont heureux. Le sourire de l’hôte et ses œuvres nous rendent chansonneur à nos heures.
Nous chantâmes quand vient la faim de l’était… Nous pensâmes à notre Guitou, itou (celle là je la pique au Barde !). Le râgout est de sorti, mélange subtil de cochon et de bœuf, joues et morceaux à souhaits, faits pour être embrassés. Les petits onions (il faut bien s’y faire) sont réduits aux sens propres comme aux sens figurés. Un oignon qui perd son point « g », nous sommes vraiment proches de la faim du monde. Domi pour la question se réfugie dans l’origine de celui-ci. Il fait de la muscu et peint à ses heures. Il vise l’esthète et l’artiste. Mais bon les oignons se noyaient dans la sauce et c’est meilleur ainsi. Le plat ne porte pas de nom, le cuistot cuisine mais ne s’embête pas à nommer la fameuse daube aux chorizos. Pour prolonger le plaisir, la fourche nous mit la patate ! Il connaît et il aime vraiment ses hommes.

Une assiette à fromage bien remplie. Pioupiou en trois coup l'a mis échec et mat. Il aime ce qui est bon et en fait de grosses parts pour le plus grand plaisir du Trez.

Le lancer fut parfait. Lolo sortit ses pattes arrières. L' attraper en avant il ne connait pas. Un stéréotype stylé en somme. L'assiette est captée en aveugle. La fourche ne le sait que trop. Le couple pilier-seconde ligne assure pour ainsi dire les arrières. Point de chute à table, Domi qui ne tient assis empêcha la note parfaite. Il a une fâcheuse tendance à vouloir aplatir tout ce qu'il touche depuis qu'il joue à l' aile...

Le dessert était rien moins que parfait. Une tarte aux pommes, fine, comme on les aime. Pioupiou la trouva délicate en diable. Le temps s'étirait lentement. Au gré d'une belote de comptoir qui vit Walid triompher encore malgré les forts du Tarbais et d'Amélie. Les succès à répétition ne lui montent pas à la tête. D'ailleurs, il ne se retire pas du jeu après l'avoir emporté sur le tapis et prolonge l'aventure, et gagne. Respect.


La nuit était froide. Les Capucins accueillaient les derniers castors. Musard et le trou capucinard. Tout rentrait dans l'ordre. Un ordre léger, propice à la vraie vie qui, de temps en temps, n'est pas ailleurs. Tant pis pour Arthur et tant mieux pour nous.

08 février 2016

Les Nounours à la sauce Castors...deuxième édition !

Par Réglisse et Le Barde
 

C'était jour de chandeleur. Nous faisions nos adieux à Victor Louis. Nous avions convié les Nounours de Pessac. Rien de tel que de conclure cette belle histoire par un match. Le ciel était sombre et le crachin jouait des coudes. Un temps à l'anglaise. Rien de tel pour recouvrer les vertus primitives de la gonfle au bord d'un "collège" qui fut notre demeure provisoire et salutaire.

Nous étions bien décidés à venger l'affront du match aller. Les jeunes pousses étaient nombreuses et avaient répondu à l'appel. Serge et moi-m'aime étions de sifflet. La rencontre fut plaisante, engagée et probe. Seb fut un parfait chef d'orchestre avec son frangin à la mêlée. Domi sut composer avec les espaces. La Pibale officiait en pilar au prétexte de ne pas trop se bouger. Regis l'assistait et Léo talonnait. Que du beau monde. Au loin, Guitou nous couvait comme seuls les anges savent le faire.

La première mi-temps fut tout à l'avantage des castors. Par trois fois Toto transperça la défense des Nounours, admirablement servi par le Préside. Il y a du Jauzion chez le Premier des nôtres. Ah ! Cette passe au cordeau pour notre Peter Pan. Peyo aussi y alla de sa terre promise. Il était en feu. Insaisissable. Il est vrai que les besogneux de devant assuraient leur ingrat labeur. Les Nounours mirent du cœur à l'ouvrage. Mais leur cœur ne suffit pas. Surtout un soir d'adieu. Les castors en avaient davantage.

La seconde mi-temps fut vierge et brouillonne. Les remplaçants officiaient. Jean-Phi se glissa au centre, Stéphane à l'aile, etc,. La pluie s'ennuyait un peu. L'ultime mi-temps ne dura que quelques minutes et fut ponctuée par un nouvel essai. 5 à 1. Les adieux à Victor Louis étaient réussis. Une haie d'honneur partagée mît un terme à la rencontre. L'ambiance était guillerette. Une affaire de gentlemen.

Il ne nous restait plus qu'à regagner le trou où Florian nous attendait. Notre homme est père désormais. Et c'est une grande joie. Pioupiou était aux manettes. Comme de bien entendu.
PiouPiou s’est démené pour remplir les creux à venir. A Pessac, l’homme pilier avait laissé un de ses genoux. Il en a bien deux mais bon... Ils furent dépassés par la pression exercée par les nounours à domicile. L’homme n’est pas rancunier et il recevra à l’honneur d’une gastronomie d’après match. Un nouveau conte des milles et une nuit, Ali Piou Piou et les quarante mangeurs… A vrai dire, le trou était bien rempli. Piou Piou ne peut compter en ce moment que jusqu’à quinze. L’homme s’aide de ses doigts. En même temps la logique d’un cerveau gauche ne peut rien contre l’expérience et l’implicite d’un pilier droit. Le quarante d’un Peyo frôle parfois la douzaine comme la cinquantaine pour la réception. Il faut vraiment un corps calleux efficient et un pilier droit efficace pour concilier un cerveau gauche de son cerveau droit pour trouver un compte rond. L’approximatif sera de rigueur, les creux d’après match ne se mesurent pas en chiffre mais en plein potentiel. C’est ainsi que le cuistot gère la pression en début de soirée. Dans la famille Escassut, nous avons le père et le fils pour concilier le nombre à la bouffe. Le mélange est de mise, les bérets avec les sans bérets, les cravates avec les sans cravates, les pressions avec les pastis et les castors avec les nounours. Le Sabite comblera le reste. Une ménagerie qui fait bon ménage en somme. Nous avions dans chaque équipe de nouveaux animaux à bosses. Le rugby en dehors de certains vestiaires a cet art de la transformation. Le nounours et le castor sont des animaux à bosses comme les autres.

Bref, le Tarlousain était là sans bosse pour ce match. Il a une constante pour s’assurer l’aile dans les matchs. Il a le sens des rencontres et de la famille lui aussi. Il garde sa place à l’aile et ses histoires à table. Il sublime la compagnie sans pression par l’anisé. Il doit être de même confession que Dudu. Il prie lui aussi à ses heures avec un calice à ballon. Nous refîmes le match. Les castors sont ainsi et les nounours sont de la partie, ils aiment la réception. Ben à ce propos garde le casque L’en-avant pour le castor toulousain n’existe pas. C’est que le jeu en question s’adapte à une météo capricieuse d’une région riche en caractères. Le vent d’autan est intégré dans le jeu. Les passes sont faites pour surfer sur le vent et éviter tout en avant. Lacan dépasse Freud sur l’occasion, non dans le cadrage débordement mais dans la condensation linguistique. Tout n’est pas sexuel mais le trou est bien langage. Me « De Saussures » celui-ci à l’oreille. L’en « à vent » est à Toulouse ce que l’en avant de Bernachatte est au pré de Victor Louis indissociable. Pour ma part, j’ai eu vent d’œuf mayonnaise, et de jambon. Pour la réception, ce ne sera pas du cassoulet. La tête dans la pression, j’ai noté la présence des cannelés. L’ambiance me dit que le trou fut comblé. Point de lancer mal placé ou de sandwich improvisé. Le plat principal en mijote a plu. L’absence de fourchettes de rab et le va et vient des assiettes m’amènent à conclure « Piou Piou a vengé son genou ! ». Mais pour la mêlée ce ne sera pas assez et la reeduc sans accent sera de mise ! C’est une question d’économie. En revanche il a des ressources pour mettre le trou en mode réception. Il est loin d’être rancunier. Il a le sens de la famille même sur une patte.

Les nounours étaient en nombre dans l’antre des castors. Nous parlâmes de leurs 30 ans à venir. M’aime si pour l’heure, le trou fête la naissance. Le Trez fait son jeu et déguste à ses heures. Le Prez s’occupe de ses hommes. Peyo est sur le coup, Ben fait de l’œil. Le Barde a libéré son sifflet pour se la roucouler douce. Il se fait héraut à ses heures tardives, les castors s’attachent aux messages auprès de lui et embrassent notre Guitou absent du soir et tous nos autres.

L’heure est dans sa constance et s’enfonce dans la nuit, le café est fait pour ralentir son œuvre. Les nounours s’éclipsent en bande. Les castors quittent aussi le trou. Ils se livrent à d’autres tailles. Les chemises de la boutique n’ont plus qu’à bien nous tenir. Le Tarbais ne rate pas une occasion pour nous tailler des costumes pour l’hiver.

La nuit est derrière la porte. Les nuages sont de sortie et libèrent bruine sans faim. Nous sortons du trou… Les castors se dispersent dans les profondeurs du retour. C’est ainsi Morphée a ses habitudes, certains comptent pour s’endormir les moutons, d’autres les castors, le marchant de sable est parfois de mise, chacun ses croyances, chut… Un jeune castor et papa et Marion dort.