24 mai 2017

Le cuistot de bouffe: Cary Grant bien dans sa botte!

 Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc
 


Pas de terrain annexe ce mardi. Le synthétique reprenait ses droits. Le synthétique est tributaire de l'annexe. Le petit Larousse dit justement que l'annexe est une " Chapelle, église détachée d'une paroisse pour la commodité d'un certain nombre d'habitants".
En la circonstance, c'est plutôt le synthétique qui tenait lieu d'annexe. D'annexe à l'annexe. Car pour nous, le pré, c'est l'annexe. Mais l'annexe était annexée par la morue. Nous prîmes donc nos quartiers d'été à Bergonier.

Dans les vestiaires, le fin se frotta au grossier. Ainsi, il était possible d'entendre à la fois quelques mots de Pablo Neruda dit El Bardo (cela ne s'invente pas) et quelques valeurs indécentes du prix au mètre carré au Cap Ferret. Telle est la diversité vertigineuse de notre monde.

Nous n'étions qu'une petite douzaine. Serge et le Tarbais était face à face. Le Tarbais ne resta parmi nous qu'une poignée de minutes. La faute à son genou. Les petits de Serge s'en donnèrent à cœur joie. D'autant qu'il avait les trois Eric avec lui. Un retour en grâce pour les trois grâces enfin réunies. Flo dut subir un cadrage débordement du Bardatruc. Il le laissa passer en réalité. Son altérité n'est plus à prouver. Il lui suffisait de tendre Le Bras et d'anéantir ses superbes. Mais Flo est un doux. "Heureux les doux...".

Peyo était bien là, la tête sur ses épaules et l’aile en solitaire. L’adresse est de rigueur quand la balle trouve l'extrémité. Le castor de nouveau réparé dans sa course peut accélérer. Seul le plongeon désespéré d’un Sabite en bourre avortera l’ultime de son aplati. L’aplati fut dans son corporel et non dans son ovale. Le don de soi est là. « C’est bon comme l’aplati » s’exaspéra Crou Crou dans l’autre coin. Son sacrifice à lui ne se contente pas de flirter les orteils. Il y a tellement de surface en haut et le nez en moins bien ravageur. Le geste est dans le don de soi, le castor s’étire, s’allonge tel le nez de Pinocchio à chaque vérité écartée qui rend le castor bien élastique dans sa défense comme dans son attaque. Les bras tendus, les doigts en éventail, la prière pour l’agrippe et c’est une mise en cloche du coureur. La troupe défensive apprécie le sacrifice mais la cheville du coureur beaucoup moins. L’attaque avortée, l’urne est pleine ! Le miracle est de nouveau dans la marche. L’homme est debout miracle ! Le risque pour le défenseur comme pour le porteur est réel. Ce n’est pas pour rien qu’Achille y a placé son talon. Du coup, le survivant en porteur sain se sentit moins serein à toutes autres passes proposées. C’est une défense dissuasive me souffle Dudu qui ne plonge plus de son côté depuis belles lurettes. Il s’autorise quelques genuflexions et encore uniquement pour compléter ses tours de chauffes. La redoute ne se la joue jamais trop suisse !


Pas de Perdigue, pas de Prez, pas d'Hamilton. Pas un mot ou si peu. Y voir une relation de cause à effet serait parfaitement saugrenu. Quelques passes aléatoires. Quelques négligences en défense. Et de beaux essais. De belles trouvailles aussi.

Mais s'il fallait garder une image de cette soirée, ce serait ce duel entre Léo le lion et le Poulpe le poulpe. En effet, lancé par Le Barde dans son couloir, Léo pensait avoir plié l'affaire en passant la ligne de défense. C'était sans compter sur le Poulpe qui, ayant pris soin de retro-verser son bassin, mobiliser son pelvis et contracter ses obliques, bondit tel DSK sur Anne Sinclair. La fable poursuite du Lion et du Poulpe était engagée. L'un crinière au vent, l'autre…courant crânement, cette chevauchée de 40 mètres fut épique et imposait à tout esprit cinéphile les images et la musique de la publicité Royal Canin ! Les muscles déliés, une parfaite synchronisation bras-jambes, une hauteur du genou volontaire, un griffé incisif, un port de tête aérien, le grand fessier congestionné. Le spectacle était magnifique. Peu importe le vainqueur ou le vaincu car à ce petit jeux là tous deux durent sortir rapidement du terrain la langue pendante, Royal Canin oblige.

Un beau soir d'été comme on les aime.

Festival de Cannes oblige, c'est Cary Grant qui était en scène. Pépé sonna l'heure du repas. Un repas tout d'Italie. En hommage, sans doute, au merveilleux Elle et lui de Léo Mac Carey.

On reconnaît les grands à leur manière de mettre de la grâce dans les choses ordinaires. Campech est grand. La suite le prouva.

L'entrée fut tout bonnement divine. Manger autre chose tenait de la fracture temporelle gastronomique. Comment ne pas se pâmer devant ces bruschettas tomate, parmesan, artichaut, roquette arrosées d'un filet d'huile d'olive. Certains en mouillèrent leur culotte à moins que ce ne soit la rigole rigolote, n'est-ce pas Peyo ?

La cochonnaille italienne en prime. La cuisine de Cary est généreuse. Une véritable Mama italienne. L’adhésion est totale. Mortadelle, saucisson, lard de Toscanne. Le père Escassut en bon traiteur amateur de répéter que la « Coppa est pleine ! ». Nous eûmes que du bon et Jean Pierre m’adhère à l’Italie. La chansonnette était de rigueur tellement la botte comble notre trou.

Le chéri est dans notre Guitou. L’homme prit les commandes des lasagnes comme il vit. C’est-à-dire en dansant. Il danse à chaque occasion. La grâce se fout des cons. Quand Guitou danse c’est que son trou est heureux ! Nous appelâmes le sable et son été pour rythmer les hanches en mouvement. Les lasagnes un cumul de couches alternant du végétal et de l’animal. Les carrés font losanges et les rectangles nous laissent ronds. Guitou est danseur et non géomètre. La découpe se fera comme sur le terrain au détail pour certains au bétail pour d’autres. Cary lui est au bout. Il culmine avec Pépé. Il contemple ses grognards comblés dans la conquête de l’Italie. Pépé porte le béret en bicorne, la main caresse son foie, le collant en relief fait deviner que le castor est homme et bienheureux. Point de Rome sans empire, point de lasagnes sans couche. Cary en véritable cuistot qui le vaut bien .

Un lancer d'assiette à l'image du repas. Sans fioritures et sans fausses notes. Chacun de recevoir son projectile sans l'ombre d'une maladresse. Un camenbert à damner tous les saints suivit. La french touch d'un dîner très péninsule. Amélie tartinait avec délicatesse avec un brin de nostalgie en pensant à ses petits. L'histoire ne se répète pas.

Bien sur nous eûmes un tiramisu. Parfait. Zeille qui dit ne pas aimer les desserts se resservit. Il n'en resta pas une miette. Quelle douceur ! Le Bardatruc ne disait mots. La Jacouille pas davantage. Cary Grant fredonnait un air napolitain. Nous y ajoutâmes un Quand vient la fin de l'été. Guitou y alla de sa petite larme. JB était plus cosi que jamais.

La belote vit le Bardatruc, le Bardibule et le Barde sortirent les premiers. Un juste retour des choses. Hamilton l'emporta sur Toto et s'épargna l'affront d'une défaite. Le jeu fut médiocre.

La nuit nous attendait, accueillante, bienveillante. Un soir de mai comme une évidence. C'est aussi cela la vie. Cary Grant rejoignit son Bassin en regardant les étoiles. Il lui revint en mémoire ce vers de Dante : "La belle étoile qui d'aimer nous convie."

19 mai 2017

Le cuistot de bouffe: Le dessert du zaharra

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc
 
 
 
A notre arrivée, le temps était encore chaud et pesant comme la poitrine épanouie d'une femme qui vient de vous ouvrir son cœur.
Entre le synthétique et le terrain annexe, il n'y eut pas l'ombre d'une hésitation. C'est donc sur de l'herbe que nous fîmes nos gammes, de la vraie. Pourtant, fête de la morue oblige, le terrain annexe était nu. Plus de poteaux. À peine quelques lignes.  Les quelques tentes disséminées ça et là annonçaient l'avènement de l'espèce du genre Gadus. Nul n'est censé ignoré que Bègles fut une ville de morutiers et de cheminots où l'on cultivait le radis.

Le pré se garnit lentement. La faute à notre périple basque sans doute. Nous étions une quinzaine. La partie fut assez déséquilibrée. La faute aux partenaires de Serge, plus vifs dans le geste. Malgré son illusoire arithmétique, la Piballe dut se résoudre à la défaite des siens. Le Bardatruc, le Bardibule et le barde tout court jouaient ensemble. Le verbe se fit chair. Croucrou avait beau rouspété, rien n'y fit. Jeff de temps en temps y allait de son essai pour communier avec le pré. Comme d'ordinaire, Perdigue nous rejoignit sur le tard et se rangea du côté le plus en verve.

Dudu pestait un peu. Au point de prétendre que 1=2. En sorte que le moindre touché de son camp se voyait affliger d'une injuste double peine. Croucrou rouspétait aussi. Ce qui ne l'épargna pas d'un crochet sublime pour filer à l'essai. Le Bardatruc virevoltait. Rien ne semblait l'arrêter. En somme, il n'y eut pas photo malgré l'absence d'Hamilton.

Au trou, la table était vierge de nappe. Pas de vieux quatre. On crut bien injustement à l'oubli. Vers les 22:15, il nous gratifia de sa présence et de ce qu'il faut de mets pour satisfaire nos ventres. La chambrée était clairsemée.
En entrée, un délicieux jambon pour des gens biens quoi de plus normal dirait notre Bardibulle. Un succulent melon pour l'accompagner dans lequel les plus dépendants y coulèrent un Porto, mais était-ce vraiment la peine ?
Est-ce le retard au démarrage de ce repas ou cette première chaleur d'été, toujours est-il que de nouveaux gimmicks apparurent. En ce sens que tout mot parfois improbable comme "nouille",  "orange" ou "sauté de porc" pouvait se voir mis en chanson dans un crescendo drôle et rafraichissant.


Cependant, dans une époque un peu confuse politiquement et socialement, certains partagèrent leurs inquiétudes et interrogations. Je retiendrais celle-ci sans citer toutefois son auteur du fait de son sponsor, une marque de voiture japonaise, et du sujet pour le moins tabou chez les intégristes verts. Dernière précaution, le blog étant lu par de nombreux jeunes dont la 6ième9 de Bourg la Reine, l'utilisation de nombreuses métaphores est nécessaire. Venons-en à la question : une végane peut-elle, déontologiquement parlant bien sûr, pomper l'osso bucco ? Question complexe induisant forcément chez les Castors un débat riche et imagé. La conclusion en fut limpide bien que tragique pour Bucco : oui, à condition de ne pas aspirer la moelle !
La religion s'immisça également dans la joute et à la question "qu'est-ce qu'une femme pieuse ? ", l'inénarrable Jeff répondit sans appel : un travelo.

On s'attendit au pire question lancer d'assiettes. Et le pire aurait dû être de rigueur. Mais le vieux quatre était touché par la grâce. En sorte que ses ratés ne se traduisirent jamais par le fracassement attendu. Un miracle. Bien sûr, les miracles n'ont qu'un temps et quelques éclats jonchèrent le sol carrelé. Le clou du lancer fut celui destiné à Pépé. Il y eut un long silence. La Jacouille se dissimulait derrière son béret et le coup partit. Pépé tendit sa main gauche, attrapa l'assiette comme qui rigole et reprit sa conversation avec Amélie comme si de rien n'était. La classe ajoutée à la grâce.

Une salade d'endives vinaigrée à l'extrême, accompagnée d'un bleu nous fut servie. Beaucoup délaissèrent la salade et se consacrèrent au bleu. Des chansons diverses se dressèrent. Le Kyrie se mêlaient a des airs de variété. Allez savoir pourquoi.

La salade de fraises avec sa touche de menthe était fort à propos. Servie à la louche, elle apporta la fraîcheur indispensable à un soir d'été.

Et le vieux quatre d'entonner :

"Je suis un soir d'été
Aux terrasses brouillées
Quelques buveurs humides
Parlent de haridelles
Et de vieilles perfides
C'est l'heure où les bretelles
Soutiennent le présent
Des passants répandus
Et des alcoolisants

Je suis un soir d'été
Aux fontaines les vieux
Bardés de références
Rebroussent leur enfance
A petits pas pluvieuxIls rient de toute une dent
Pour croquer le silence
Autour des filles qui dansent
A la mort d'un printemps"

Il sait son Brel l'animal. Jusqu'à nous proposer un champagne qui, à la différence de celui de la chanson, n'était pas tiède. Depuis samedi, le vieux quatre roule une année supplémentaire.

Bien sûr, nous eûmes une belote. Serge sortit le premier. Puis le Barde le suivit. Jeff était à la peine. Le Bardibule aussi. Titi oscillait et tira son épingle du jeu. Le Bardatruc fit ce qu'il peut. Perdigue ? Perdigue n'y était pas.

La nuit était à peine effleurée par le vent. Une nuit d'été. Le vieux quatre sifflota le songe de circonstance. Titi lui préféra une romance sans parole. Perdigue se trouvait l'âme slave et murmura une saison de Tchaikovsky. L'été cela va de soi. Une saison douce, un air d'enfance. La vie est musique.

15 mai 2017

Le cuistot de Bouffe: Stado aux abois!

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc



D'abord, il y eut les pigeons. Le terrain annexe, sur son ouest, rassemblait une belle bande de ramiers. Pour quelles raisons ? Le castor n'aimant rien tant que l'herbe à pigeon délaissa une fois de plus le synthétique. Il tient à la tradition. La nostalgie ne s'exprime qu'avec parcimonie sur le synthétique.

Ce fut un bon toucher. Le ciel était clément, la température douce. Il y avait beaucoup de petits nouveaux. Ils se rangèrent tous dans le même camp, près d'Alban. De jeunes pousses pour la plupart. En face, c'était plus âgé mais un tantinet plus rugby. En sorte que la différence vint de l'expérience. Même sans Dudu et Hamilton. L'écart fut mince pourtant. Non pas que Perdigue renversa à lui seul la situation. Il vint sur le tard rejoindre les impétrants, évita une fois de plus de saisir la gaule et le brin d'herbe à la bouche récitait les Bucoliques. Serge, lui, tenait les siens, les mûrs, les cougors de l'ovale. Avec les trois B : le Barde, le Bardibule et le Bardatruc. Fayou avait quitté les siens depuis belle lurette. Pioupiou itou.

Poulpo resta en bord de terrain les yeux éblouis par tant de virtuosité. Son proctologue arrivant, il … rentra dans le jeu prenant soin de ne pas tourner le dos au praticien qui enfilait déjà ses gants inquisiteurs ! Sa rentrée fut fracassante, il marqua un splendide essai faisant ainsi la nique à ses 50 ans.

Perdigue arriva la barbe rafraichie et courte préférant prévenir plutôt que de guérir dans une France ou une dizaine de millions de citoyens préfère céder aux bas instincts.


Amélie gagnait le trou. Amélie, il se fout des cartes. C'est un artisan et, d'une main précise, il glissa sa clé dans la serrure. Un clin d'œil moqueur au moderne. Une manière d'être, une philosophie.

Le Tarbais officiait. Le Préfou était de comptoir. Le Préfou est une façon de précéder la folie. C'est ce que dit le bardibule. En ajoutant qu'il n'est pas étonnant que le Préfou soit vendéen. Pourtant, Cadoudal n'était pas fou. Mais c'est une autre histoire.
Le vieux quatre, Pépé, Guitou, Hamilton, la Jacouille, le Prof attendaient que ceux de l'annexe vinrent. Une belote préliminaire à l'appui. Pépé revenait des îles. Réunion et Maurice. La Jacouille arborait un maillot collector.


La Bigorre apprécie ses sommets. La montagne est solide. Bien fous ceux qui l’ignorent. La réception se fera donc en hauteur. Le Tarbais sans son stado est doué. Sa feinte est si proche de celle de Lourdes. Les deux taquinent le trou à volo. Le trou est un intervalle. L’espace entre deux défenseurs qui cherchent un porteur de balle. La Bigorre a la culture du rugby et du savoir vivre. L’histoire est bien ancrée dans cette terre de montagne et de l’ovalie, gateau à la broche en appui. Le jambon sera d’ailleurs du pays. Rillettes et chorizo qui nous rappellent que derrière la montagne sommeille l’Espagne. Tarbes sort son arsenal. Batterie de cochons en avant. La rillette crée la risette ! Tout est bon même le cornichon.

Les castors se complaisent dans la rigole. Le piège est connu, reconnu mais toujours efficace. Elle me fait penser à la feinte de Walid, une roulade inversée de la course d’une aiguille d’une montre, feinte de passe dans la déclenche, dissimulation de la balle derrière le ventre, vas-y que je t’embrouille et hop accélération le long de la ligne. Et bien ce n’est pas parce que tu la connais que tu ne te fais pas avoir. La rigole c’est pareil, sans la découpe ça mouille. Guitou itou eut le cul mouillé. L’homme est un saint. Point de sacré sans baptême. Les castors dans la montagne engagent leur marine. Les castors sont heureux. La table est remplie, Guitou au centre propose l’ouverture. L’entrée appelle la suite. Point de Tarbais sans son Haricot. Le « H » de haricot sent bon l’ovale. La terre est ovale, c’est un Tarbais qui me l’a dit ! Certains crurent à de la garbure. D’autres au retour de la potée. Nous eûmes des haricots à foison. Le Tarbais dans la resserve répétait son art du plaisir de vivre. « Tu te souviendras des haricots à foison ». Certains auraient brisé un vase pour l’occasion d’autres un magnum pour suppléer la panne de Sabite. L’absence crée l’objet. Freud touche le Sabite transitionnel pour ne pas citer Winnicott. Nous goûtâmes du bon et du moins bon. Point de vin qui se compare à notre fontaine. Le Sabite a son palais. Le haricot sans Sabite trouva sa chair dans le jambon à la diable. L’emprise est délicieuse, la tentation envoutante, le duo divin. « Dit Sabite » n’est pas divin. Le diable l’emporte. Le jambon est bon. Tarbes nous embroche dans ses saveurs. Et Jean Ferrat chante que La montagne est belle.

Alain Charles, de sa douce voix, rappela aux Castors manifestement Juniors, quelques consignes concernant le déplacement à Mondragon. Je n'en retiendrai ici qu'une seule afin de ne pas foutre le bazar. Le patcharan coulant à flot et sans bourse déliée dans ce village basque, il serait bien que chaque Castor vienne avec une bouteille de vin rouge comme l'on fait Amstrong et Aldrin sur la Lune. Sans succès il est vrai.

Le lancer d'assiette version 1 :

Le lancer d'écuelles fut assez mitigé. Le Tarbais avait le geste juste. Mais les mains qui se tendaient étaient parfois si maladroites. Il y avait loin de l'apocalypse d'Amélie. Ce qui n'empêcha pas nombre d'assiettes de choir, brisées, sur la nappe maculée de vins de circonstance, faute de Sabite. Le Tarbais n'en avait cure.

Le lancer d'assiette version 2 :

Le lancer d'assiette fût de nouveau catastrophique. Cette fois-ci l'agilité du lanceur ne pouvait être remise en question bien que certains lancers furent optimistes. Notre Jacouille national prouva une nouvelle fois que l'homme augmenté n'est pas pour demain. Sa main bionique foira de nouveau et envoya valser l'assiette due dans le verre de vin non bu dont le contenu finalement chut sur la belle chemise de notre Barbu. Spéciale dédicace au Barde !

Le fromage vint sans son antienne. Du Pyrénées bien entendu et un Brie. Une manière de mêler les origines. Le Tarbais est un être ouvert. Le repli lui est étranger. "Ce qui se mêle est bon" dit-il souvent ; on ne lui donnera pas tort. Toute frontière n'est qu'une ligne imaginaire ; la vie se tient hors les murs. Elle tend ses bras à ceux qui s'en moquent (des lignes). En ryg, la ligne ne vaut que si elle est dépassée.

Une mousse au chocolat conclut le dîner. Onctueuse, lisse. Il n'en resta que quelques traînées éparses. Guitou savourait. Comme un enfant. Le Tarbais goûte tout ce qui nous ramène à l'enfance. La mousse au chocolat est enfance. L'assemblée était paisible, calme. Le vieux quatre en remit une couche sur la virée à Mandragon, de sa voix sirupeuse. Stéphane prépara le café. Le tapis vert attendait ses récipiendaires. Pas de Jeff. La belote fut ordinaire.

Dehors, la nuit nous attendait. Une nuit à deux doigts d'être estivale, douce et accueillante. Il n'y avait pas grand monde dans la rue. Les castors arpentaient le bitume, le pas vif et alerte. Puis, peu à peu, se mirent à danser. Le Bardatruc se prit pour Fred Astaire et fredonna dancing in the dark. Perdigue, lui, cherchait des coquelicots imaginaires. Et récitait son Virgile.

06 mai 2017

Le cuistot de bouffe : le lancer rôti d'Amélie

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc


Quel entrainement mes amis,
Le terrain annexe fut encore l'enclos de nos ébats. Le soleil déclinait lorsque nous arrivâmes mais il dispensait ce qu'il faut de lumière pour nous dispenser d'un éclairage nocturne. Nous commençâmes par une petite moitié de terrain, puis nous foulâmes le grand. Nous étions une vingtaine. Hamilton s'en prit au déséquilibre des forces en présence et gagna, en cours de partie, le camp adverse. Mal lui en prit. Ses ex coéquipiers retrouvèrent une certaine vigueur, même si Dudu pesta contre le transfert du Barde, c'est-à-dire de moi-m'aime, au nom du fier maintien de ce qui est.
En fait, ce toucher fut relativement équilibré. Pourtant Seb et Serge étaient ensemble. Cela ne suffit point. Il y eut de beaux essais d'ailiers. Beaucoup de passes sautées à la raison très incertaine. La passe a des raisons que la raison ne connaît pas. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Pioupiou qui sait manier son Pascal.
Perdigue hésita à choisir les siens, allant d'un côté, puis de l'autre. Il finit par trouver cheville à son pied, ramassa une pâquerette, la glissa entre ses dents et se refusa à saisir le ballon. "Moi, on me saute dit-il." donnant ainsi raison aux conjectures pascaliennes du petit de la Jacouille.
En mai, fais ce qu’il te plait dit le dicton populaire, il ne fallait pas en dire plus aux Castors qui, arrivés en nombre, jouèrent sur le grand terrain en herbe.
Deux belles zéquipes s’affrontèrent. Le ballon du Barde revenu, plus une balle ne chut. Enfin presque mais toutefois sans comparaison possible avec le désastre balistique du lancer d’assiette de la soirée.
Notre photographe chercha le meilleur point de vue ou éclairage quitte à changer de camp ce qui ne manqua pas de troubler certains. L’indépendance d’esprit et le sens de l’équité sont en effet des valeurs peu à la mode ces derniers temps.
Sur chaque aile, les duels furent âpres. Zeille et Peter, cette fois-ci coéquipiers, régalèrent. Ce duo comique au style unique fit le spectacle. Que dire en effet de cette passe « après moi le déluge » de Zeille rattrapée in-extremis par Peter plongeant par la même occasion dans l’en-but. Chapeau les artistes.
Quant à Joss, il fit parler sa vitesse. Les années passent, les plus jeunes aussi !
Serge, toujours exigeant, s’agaça du manque de réussite de son équipe et quitta le terrain en premier ce qu’il fit également à la belote sauvant une soirée mal débutée.
Les statistiques de Jeff furent conformes : 6 retours intérieurs « discutables » et 4 passes de maçons. Cependant, il fut l’auteur d’un tchik-tchak givrant. Son adversaire resta glacé et immobile tel un eskimo dans les mains de Béatrice Dalle. Poulpo resta en bord de terrain les yeux éblouis par tant de virtuosité. Sa masseuse est formelle : les tissus sont réactifs et les corps caverneux bien irrigués, il est bien dans sa tête et devrait revenir sur le terrain bientôt.
La partie fut donc belle mais longue à terminer, les plus courageux en redemandant encore.
21h46, une douche et au trou.
Il était là. Superbe, placide, ceint d'un tablier bordeaux. Il souriait. Ah ! Cambot ! D'ordinaire, il lance la saison. Cette année, il la clôt, à quelques mardis près.
Il est beau Cambot. L’homme à la chevelure des grands cuistots. Sa coupe se fait en finale. Logique le castor tient la touche. Samson avait sa Dalila, Cambot sa cuillère en bois pour son tour de bouffe. L’entrée se fera en salade printanière. Il donna le Thon pour une mélodie maraichère. « Tiens voilà du pâté » s’exclamait les attablés. Les affamés du bar eux n’avait que la salade comme dérivatif alimentaire. Perdigue le cochon il s’en fout mais le pâté de Cambot ça c’est autre chose. Du coup le bar appela la suite. Le trou donne faim ! Cambot était rôti. La deuxième phase est en retard. La découpe se fait longue. En même temps pour le castor la coupe reste en finale. Le rôti se défend apparemment car le cuistot prend du temps. Les castors grincent, trépignent, pleurent la suite. Les moutons sont lâchés. Le bar sort les chips. Il fait faim. Le Sabite en Trassard se transpose dans l’avocat.  « Je demande de vous arrêter ! », le viticulteur charpente à ses heures. Après avoir crié grâce. Le grincement cessa. L’homme du coup se prosterna et bénit le pain, le rompit et se tourna vers sa droite et sa gauche, la cène est magique. « Tenez ceci est le corps de Pépé, mangez en tous… ». Les castors s’apaisèrent par ses mots. Regardant ses disciples, le saint prit son verre et poursuivit « Buvez, ceci et mon sang, mon Sabite est à vous, buvez en tous. ». Titi est aux anges. Dans la comme peut pas mieux faire. Le coquelicot n’a qu’à bien se tenir. Le bonheur vint, le rôti aussi. Une apparition !
Petit pois, carottes et suppléments se feront légumes.
Le lancer d'assiettes fut fracassant, terrible. La première se brisa contre le plafond, essaimant ses débris çà et là. Chacun de se réfugier sous la table. Hervé attendit, sans manifester l'once d'un remord. Nous regagnâmes nos tabourets. Les oboles trouvèrent rarement preneurs. Que diantre se passait-il dans la tête d'Amélie ? Il recouvra peu à peu la raison. La table était jonchée d'éclats de verres, de traînées de Sabite. Comme dévastée. Oui, nous connûmes l'apocalypse.
Le fromage était juste. Non pas qu'il n'y en eût peu. Bien au contraire. Non, il était à propos. Avec ce qu'il faut de Sabite. Le calme revenait. Thomas évoquait son projet de plantation de saucissons végétariens pour mieux faire fortune. Une manière de répondre à Justin Bridou en satisfaisant à l'air du temps. Le vieux quatre allait sa voix douce et parlait du redressement de la France. JB faisait face au prof et vantait les vertus de l'altitude.
Pour dessert, une salade de fruits. Légère, fraîche, que le Prez savourait comme un enfant. Les dés de fruits, minutieusement coupés, se taquinaient les uns les autres. Dés de pommes, de fraises, d'ananas. Hervé, en bout de table, souriait. Serge, placé à sa droite, à la place de Pépé aussi.
Bien sûr, une belote de comptoir se tint. Jeff en sortit vainqueur. Le hasard se répète ; il a trouvé son maître. Peut-être en changera-t-il ? Les maîtres du hasard ne durent jamais longtemps, sauf si le hasard se répète et abandonne un peu de lui-même.
La nuit était douce. Amélie la toisa avec affection. Il avait gardé une ultime assiette par devers lui et la lança. À charge pour Fredo, Jacky et tous les autres de l'attraper.

01 mai 2017

Le cuistot de Bouffe: Un sacré Coco !

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc

 
C'était un soir couci-couça, gris de nuages. Un soir tristounet d'avril. Pour raviver le bon vieux temps, nous fûmes promis au terrain annexe. La petite vingtaine de castors était plutôt jeune si l'on excepte les quelques caciques qui ne dérogeraient pour rien au monde à leur us et coutumes. Et même très jeune puisque Pioupiou vint avec son petit. Le môme a du potentiel. Alban le prit sous son aile protectrice. Il y a de l'aigle chez lui. Pas de l'albatros, non de l'aigle. Ce n'est pas Donatien qui dira le contraire. Don, lui, a du guépard. 

La partie fut relativement équilibrée, relativement, parce que l'équipe où évoluait Serge eut quelques faiblesses. Rien de bien méchant. Des passes orphelines, des en-avants de débutants. À vrai dire, ses compères étaient dans une forme assez quelconque, voir pas en forme du tout. L'auteur de ces mots sait de quoi il parle. N'importe, l'issue se solda par un match nul.

Croucrou fut grand. Il déborda souvent. Enquillant les essais, effleurant l'herbe de sa course superbe. Perdigue un peu moins. Les parties ne se ressemblent pas ; c'est à ça qu'ont les reconnaît. Serge s'efforçait de mettre un peu d'ordre dans sa boutique. Il y parvint de temps à autre.

Quel bel entrainement mes amis,
« Le temps n’était pas très beau et en même temps il y avait du vent. Si par le passé, nous manquâmes de ballons, cette fois-ci il n’en fût rien, et, en même temps, il y en avait trop. Pas vraiment de plan de jeux, plutôt une vision : faire aller la balle de droite à gauche ». Vous l’aurez compris cette paraphrase n’a pour but que de saluer l’arrivée de notre nouveau président.

Trêve de plaisanteries, cette partie fut plaisante et de haut niveau. Certes, le vent et l’extrême précision du castor obligèrent à trouver le bon ballon, mais une fois trouvé les envolées se firent légions.

Alors qu’une équipe souffrait en début de partie, elle fut libérée par le véloce Zeille qui sur son aile, aspira la ligne aussi vite qu’un caniche cocaïnomane rendu fou … Notre Zeille fut incontestablement l’homme du match puisqu’il sniffa la ligne au moins deux autres fois. Seul Peter fût en capacité de lui répondre puisqu’il s’empara avec autorité de trois ballons, se contentant de faire un numéro du cirque Gruss avec les autres !

Serge et Donatien firent souffrir les chevilles de leurs adversaires de leurs petits pas de côté. Indéniablement les cours de Salsa portent leurs fruits. Don vire à droite en ce moment, il négligea sa gauche pour je ne sais quelle raison. Piou Piou me souffla entre deux respirations que c’est sa manière à lui de nous dire qu’il en a plein les urnes et que ça lui passera. Il eut raison, le coureur est sage. Don se reconcilia avec sa gauche après quelques coups de rappel. Le castor a besoin de ses deux ailes pour voler. Sinon il se casse la gueule. Logique enfantine, deuxième d'âne!

Un invité (Nico) profita de l’absence du grand Jeff pour tenter à lui tout seul l’exhaustivité des retours intérieurs de son équipe, un peu lassant et en même temps prévisible…

Un autre Jeff alias le Poulpo restait en bord de terrain les yeux éblouis par tant de virtuosité. Son « personal coach » est formel, la ré-athlétisation se passe bien, il est bien dans sa tête, il devrait revenir sur le terrain bientôt.

Dudu n’utilisa la force qu’une fois et fit tomber le ballon à cinq mètres de l’en-but sur la réception d’une passe pleine d’altruisme. Dudu est formel, le passeur aurait dû croiser avant ! Quel goujat ce Dudu.

Dernier fait de jeux, Perdigue reprocha vertement une situation de hors-jeux avéré puisque confirmé lors du débrief au trou. L’impatient, ne souhaitant pas attendre la fin soirée pour laver son honneur, quitta donc le terrain avec une formule empruntée au ministre Allemand Schauble à l’encontre du président Grecque Tsipras : « Allez-vous faire enc.. »

21h33, une douche et rendez-vous au Coco Loco ou un té’ouible Ti’punch nous accueillait

Notre chairman était donc de "corvée". Avec le chairman, les corvées sont des actions de grâce et de graisse. En témoignaient ces tricandilles en amuse-gueules. Guitou les saisissait avec une infinie délicatesse et les consommait avec force lenteur. Ceint de son tablier blanc, la lippe gouailleuse, Coco était égal à lui-même. Grand, généreux. Pas de Pépé. Mais l'Amiral était là. Mermoz aussi, je veux dire JB, ou si vous préférez Mozart. Et le Prez nous rejoignit.

Le z est de rigueur pour les noms de légendes. Chairman signe son nom à la pointe de sa cuillère d’un C qui veut dire Coco. Jacquouille se faisait Bernardo en plus prolix mais en vrai compagnon du devoir. La cochonnaille et les asperges n’ont pas de secret pour le duo du soir. Car quoi qu’on dise Coco sans Bernardo c’est comme le Trou sans Chairman ça n’existe pas. Du coup l’entrée se fera en jambon avec des gens bien. Guitou est là. Le trou est comblé cela se sent au bar. Nous sommes serrés au comptoir. Coco se ballade et sort son asperge bien ferme pour la saison. Le jamon est coupé fin. L’entrée est un éloge au Sud. Comme quoi certaines saveurs visent le voyage comme d’autres nos racines. Coco, Coco, Coco signe son entrée d’un C qui veut dire Coco. Les vieux ont de la resserve ! Les vieux au trou sont des piliers. Ils sont solides les bougres. Ils ont le sens du partage pour preuves leur présence qui défie le temps. Coco est une montagne. Et le trou sa grotte sacrée. Renard rusé qui fait sa potée pour la suite. Car l’homme tient les reines. La troupe a faim et aime son cuistot. Du coup ce sera une potée pour les potes. Les évidences sont souvent sous notre nez. C’est un repas fait pour les gros. Une potée pour les potes. L’évidence crée l’excellence ! Car la conception suit l’idée. C’est une déformation professionnelle et une question de caractère. Du coup, les haricots tarbais se bagarrent avec le cochon et le confit pour garder une place dans nos assiettes. L’effet Madeleine est garanti. Tiens, prends une tarte de nostalgie dans la gueule. Tu l’as senti l’esprit Papa et famille dans ta fourchette ? Tu l’as retrouvé Maman dans le haricot tarbais ? Vaut mieux lard que jamais mima Bernardo sans parole… Coco a son fouet de cuistot et son fouet de la décalque. Coco, Coco, Coco, il signe d’un C qui veut dire Coco. Le coup n’est pas fatal pour permettre plusieurs mises en bouche. L’arme fait larmes. Les castors sont heureux et le son du gling gling nous amène à saucer nos assiettes. La chanson au trou obscure fera l’unanimité, Coco oui, c’est lui, brille et donne son lala ! Après son asperge un petit coup de saucisse n’est pas de trop ! Les hommes sont repus. Le chairman se rapproche pour la voie lactée. La partition est suivie à la lettre. L’homme est un créateur. Le trou son domaine. La missive son assiette. Quel lancer d'assiettes ! Pas une ne joncha le sol. Elles voletaient à travers trou, battaient des ailes et trouvaient leur destinataire sans entraves. Oui, Coco est grand.

Trois fromages. Pas un qui ne soit anodin, à qui il ne manqua ce relevé qui est leur raison d'être

Les castors apprennent de la bête. La chanson accompagna le lancer sans faute de notre hôte du soir. Le lancer est précis, à bonne distance, Bernardo comblé par le score nul de bris. Les assiettes et les coups de fourchettes se respectent. La tradition n’a pas de frontière temporelle, elle se fait pour toutes les traversées. L’Amiral tient la barre. En vrai amateur bien entendu. La chanson au trou obscure ponctua la dernière. La ponctuation tient du Barde qui au trou remplace sa virgule avec un « enculé » donnant un relief non négligeable à sa poésie attachée au trou ! L’obscure se perd dans sa clarté enculé ! C’est beau un castor qui ponctue ces phrases et un Coco qui chérie son trou ! Du coup, l’homme sortit sa fraise. Comme Coco est printanier, ce furent des fraises qui conclurent sa tendre besogne. Avec Chantilly ou sucre. Une fraîcheur si bienvenue à l'image de notre chairman sur qui le temps n'a pas la moindre prise. Un roc.

Il y eut une belote de comptoir. Cela va de soi. Le fils de Pioupiou eut la main heureuse. Bon sang ne saurait mentir.

Le nuit était frisquette. Un peu de pluie. Sur le pavé mouillé, Perdigue chantonnait et JB fredonnait l'adagio du concerto pour clarinette de Mozart. Une manière comme une autre de passer à travers les gouttes. Comme une autre ? Non, un art de vivre que le chairman ne désavouerait pas.