07 février 2018

Le cuistot de bouffe: Lasagnes à la Bololo...

Par Le Barde et Bardibule


Il y a des soirs sans et des soirs avec. Ce fut un soir sans pour ceux d'Alban et un soir avec pour ceux du Bardibule et du Bardatruc. Perché sur des poteaux, le Barde jouait de sa lyre et psalmodiait le désastre des uns et le triomphe des autres. De guerre lasse, il prit le parti des faibles, en amoureux des Béatitudes. Rien n'y fit. Le Bardibule perçait sans cesse une hypothétique défense, le Bardatruc avait des airs de Fred Astaire. Mais la palme sans conteste revient à Croucrou. Croisées, offloads, tout y passa. Sous l'œil médusé du Poulpe.

Il y a des soirs avec et des soirs sans. C'est comme ça. Même Toto ne parvenait pas à franchir un seuil hermétique. Que c'est triste le pré chantonna Pioupiou. Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur. Le Barde eut la tentation de proposer une tout autre histoire ; il se retint. Et pendant ce temps-là, notre pinson y allait de son chant. Comme il était souvent à l'arrêt par la faute des siens, il y allait d'un pink-pink mélodieux. L'on sait que d'ordinaire le pinson propose une série brève, mais vigoureuse, de notes descendantes s'achevant sur une fioriture finale plus complexe, comme : « tchip-tchip-tchip-tchip-chett-chett-chett-chett-diddip-diddiooo ». Son cri à l'arrêt est un typique « pink-pink », bien audible, et au vol c'est un yùp-yùp. De yùp-yùp, il n'y eut point. De temps en temps, il poussait un cri d'alarme, un « tseee » ténu. (Le cri de rut du pinson est variable, allant du ruit au pchuîît.)

Au trou, Lolo était en cuisine. Coco était là et Pépé itou. Lolo était aux anges de servir ses petits. Il avait je ne sais quoi d'une madone. Une certaine grâce sans doute, une manière bien à lui d'être au don. Le père, le fils et le saint d’esprit, la famille est au complet pour acclamer la gloire à la salade. La verdure chante le printemps. Les lardons en saupoudre pour gonfler la matière et ainsi faie chanter l’Italie. Salade à la Carbonora mes amis. Lolo sur le pré comme de loin connait les castors. Le cochon se marie avec tout même avec les salades. Alban encore sur le coup du pré comme de loin, rumine et se penche sur le vert. Couleur d’espoir… à propos les bleus jouent ce week-end. Jean-Phi alimente le rouge. Et Pintxecouille astique ses crampons roses, le trou est un arc en ciel des castors. Un prisme de lumière. De l’autre côté les coupes blanches apprécient la salade. Les couleurs ne peuvent rien y faire. Le temps reste sacré. Coco sort entre chaque bouchée son lala… Le lala est de mise quand coco est là. Si nous comptions tous les lalas de notre sacré coco pour sûr nous ferions le tour du monde. PiouPiou se met dans la chanson aussi. Le registre s’en distingue par le baryton en pointe. Sa poésie ne tient pas dans le vers mais dans la métaphore. Monotone ça prend une ou deux couilles lol. Les chants résonnent et les lalas sont là !


Lolo avec ses lalas sort ses lalasagnes. Il les fait lui-même, il paraît avec un ami qui le livre. Une liberté de création s’impose dans la présence de tant de couches. Tomates, oignons, bœufs hachés, fromage et tuti quanti. Le lolo besogne sa lasagne à l'ancienne en grande cuillerée. Les castors sont heureux. L’Italie est une mama et Lolo aussi. Et les pattes sans pâte c’est comme lolo sans lasagne ça n’existe pas. Alban ne pleure plus et retrouve le plaisir de la carnasse. Qui a dit que les gros ne savaient pas toucher. Lolo est une mama qui s’ignore. Mama nostra !

Quel lancer. Lolo se plaçait aux quatre coins du trou, projetant les pièces de vaisselle avec un relâchement absolu. Il variait leurs cours. Un geste maîtrisé, pluriel, un clin d'œil à la passe. Certes, il y eut un peu de casse. Mais Lolo n'y était pour rien. Pour une raison qui nous échappa, Toto sollicita plusieurs lancers. Peut-être voulait-il savourer la saveur du toucher de Lolo.

Un simple coulommiers en dessert. Ce qui est simple est bon. Surtout lorsqu'il est rond. Le Prez trancha dans la pâte et étala avec gourmandise sur son petit bout de pain la chair délicate. Une chanson monotone, un air traditionnel par notre Coco, la voix mélodieuse du Vieux quatre, accompagnaient le fromage.

Et en dessert, une galette, tiède comme il se doit, onctueuse. Quelques rois. Coco bien sûr au premier chef.

La belote de comptoir fut raisonnable. Avec un Alban à la main pleine et un Barde à la peine. Les mardis ressemblent aux mardis.

La nuit nous couvrait de son manteau gris. Nous bavardions un peu devant la porte. Histoire de repousser quelques minutes encore l'échéance du départ. Lolo, heureux, rejoignait son immortelle Sarah. Le sourire aux lèvres, un sourire d'enfant. L'enfance est un art.

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